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10 juin 2023

Vie des artistes, dictionnaire biographique de Giorgio Vasari (1550)

 

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Pour moi qui suis fan de peinture, ce livre m’accompagne depuis des années.

La "Vie des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes", la première l'histoire de l'art où l’on voit apparaître pour la première fois le mot « Renascita », ou Renaissance.

Publié pour la première fois en 1550, c’est l'une des premières tentatives systématiques d'écrire une histoire de l'art occidental. Vasari y présente des biographies détaillées de nombreux artistes majeurs italiens. 26 biographies - les traducteurs ont fait des coupes au XIXème siècle - dont de grands absents comme la famille Bellini – mais comprend Mantegna.

Vasari ne se limite pas seulement à décrire leurs réalisations artistiques, mais fournit également des informations sur leur vie, leur personnalité et leur formation

Vasari introduit également le concept d'une progression linéaire de l'histoire de l'art. Il divise son livre en trois grandes périodes : l'Antiquité, le Moyen Âge et la Renaissance.

Cette division chronologique a permis de situer les artistes et leurs œuvres dans un contexte historique plus large, ce qui était une approche novatrice à l'époque. Vasari met également en avant l'idée que la Renaissance représente un renouveau de l'art, en insistant sur l'importance de l'observation de la nature, de la maîtrise de la perspective et de l'étude des proportions humaines.

Il attribue une grande valeur à la notion de génie artistique, décrivant certains artistes comme des figures quasi divines, dotées d'un talent inné qui les distingue des autres. Cette idée de génie artistique a influencé la façon dont on perçoit les artistes depuis lors, et elle a contribué à façonner le concept romantique de l'artiste génial et tourmenté.

Ayant jeté les bases de l'histoire de l'art en tant que discipline distincte, il a influencé la façon dont nous appréhendons et évaluons les artistes et leurs œuves, la Vie présente néanmoins certaines lacunes et limites.

 

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Partialité géographique et culturelle : le livre de Vasari se concentre principalement sur les artistes italiens de la Renaissance, en accordant une attention particulière à ceux de sa région natale, la Toscane. Cela crée une vision biaisée de l'histoire de l'art, car il ignore ou minimise l'importance des artistes d'autres régions d'Europe ou du reste du monde.

Par exemple, les artistes flamands, allemands, espagnols et français, qui ont également contribué de manière significative à l'histoire de l'art, sont souvent négligés ou peu mentionnés dans le livre de Vasari.

Son absence de sources fiables : Vasari s'est appuyé sur des sources orales, des anecdotes et des témoignages personnels pour écrire ses biographies d'artistes. Cela peut entraîner des inexactitudes historiques et des interprétations erronées. De plus, certaines de ses affirmations ont été remises en question par des chercheurs ultérieurs qui ont découvert des informations contradictoires ou des erreurs factuelles.

Giorgio Vasari (1511 – 1574) était lui-même un artiste (pas des meilleurs, il faut bien le dire) et il a souvent exprimé des jugements de valeur sur les artistes qu'il a traités dans son livre. Il a tendance à privilégier ceux qui partageaient son style et ses idéaux artistiques. Sa propre biographie figure en ouverture du livre par Véronique Gerard Powell.

L'ouvrage, publié en France pour la première fois en 1841 - 1842 est néanmoins un témoignage particulièrement vivant de l’extraordinaire mouvement artistique de son temps. Il reste un incontournable de la littérature artistique. A emmener impérativement lors de toute visite de Florence !

 

Vie des artistes, dictionnaire biographique (publié en 1550), traduit de l'italien par Léopold Leclanché et Charles Weiss - Edité chez Grasset – collection Les cahiers rouges – 501 p.13

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09 juin 2023

un simple enquêteur, polar de Dror Mishani

 

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Un polar israélien …

Un nouvel héros récurrent et donc une nouvelle série d’enquêtes en perspective, écrite par un jeune auteur spécialiste de l’histoire du roman policier : Dror Mishani (47 ans). Tout pour susciter mon intérêt.

Nous sommes à Tel-Aviv, dans le commissariat de Holon – quartier que l’auteur connaît bien puisqu’il en est originaire – et nous suivons le commissaire Avraham Avraham dans sa routine.

Ce matin-là, deux affaires : l’abandon d’un grand prématuré dans un sac déposé devant la porte d’un hôpital, et la disparition d’un touriste suisse, débarqué de Paris le matin même dans un hôtel minable.

Avraham délègue l’affaire du bébé à son adjointe Wahaba et se concentre sur la disparition du touriste dont on ne tarde pas à retrouver le cadavre dans la mer.

Avraham est intrigué, tout ça n’est pas net : la double identité de la victime, le fait que manifestement, ses affaires laissées à l'hôtel aient été « visitées » avant même la police, les déclarations de sa fille restée en France qui pense qu’il travaillait pour les services secrets israéliens, le soupçon vite et commodément évoqué d'un règlement de comptes dans une affaire de trafic de drogue.

Les deux enquêtes se déroulent en parallèle et n’ont à première vue rien en commun … sauf Paris d’où vient le mort et où a été exfiltrée la très jeune maman du bébé par sa famille.

Rien de spectaculaire dans cette double recherche de vérité, mais une analyse nuancée des circonstances, des enjeux, des mobiles possibles autour de ces deux drames. D’un côté une maman particulièrement coriace qui a décidé de protéger – et même de surprotéger – sa fille, et de l’autre, le destin tragique d’un homme embarqué dans une affaire qui l’a manifestement dépassé.

Le commissaire Avraham n’a rien d’un super héros et ne met pas sa vie en danger comme nombre de policiers de roman. C’est un homme qui doute, se remet en question, s’interroge sur son avenir.

Lui aussi, comme l'auteur, est un lecteur passionné de romans policiers et son icône est Jules Maigret. Pas d’échanges de coups de feu mais une ambiance, des idées, des hypothèses, beaucoup de bienveillance dans les rapports avec la hiérarchie policière. Et un final plein de générosité et d’espoir.

Je sens que je vais me procurer les trois épisodes précédents de la série.

Merci à Florence pour ce cadeau de fête des mères !

 

Un simple enquêteur (Emuna), polar de Dror Mishani traduit de l’hébreu par Laurence Sandrowicz, édité chez Gallimard, série noire, 339 p., 21€

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08 juin 2023

La haine des clans, guerres de religion 1559 - 1610, exposition aux Invalides

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Une façon de nous représenter de façon concrète cette époque insensée d’intolérance, de violences et de massacres  - rien ne change - qui secouèrent notre pays entre 1559 (la mort accidentelle d’Henri II) et 1610, l’assassinat d’Henri IV.

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Un âge de déraison, quarante années de guerres civiles, de sanglante répression, de luttes aristocratiques au détriment de l'extension du pouvoir royal, jalonnées de massacres réciproques.

L’un après l’autre sont convoqués ici tous les grands acteurs de l’époque, dont les armures damasquinées et articulées sont conservées dans les collections du musée de l’Armée.

De la Ligue ultra catholique, menée par les frères Guise qui ne cachent pas leur ambition d'exercer le pouvoir à la place d'un roi faible, au clan protestant conduit par les Condé, en passant par le parti plus modéré des Montmorency, les rivalités aristocratiques et politiques se mêlent aux conflits religieux.

On en retrouvera les relents dans la politique de Louis XIV.

 

Avec la fin des guerres d’Italie, le pays le plus prospère de l’Europe se trouve ravagé. La noblesse est en proie au ressentiment, se sent soudain privée de pouvoir exercer ses talents chevaleresques, l’Etat est en banqueroute …

La société, confrontée à de nombreuses incertitudes, hausses de prix, disettes, retour des épidémies de peste, se tourne vers Dieu, mais parallèlement perd confiance dans ses médiateurs (Église romaine, clergé), ce qui génère une grande angoisse et un phénomène de conversions à la Réforme.

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En 1562, la religion réformée compte environ deux millions de fidèles, soit 10% de la population du royaume.

La période donne aussi lieu à la première guerre des écrits : grâce à la diffusion par l’imprimerie de libelles, gravures, placards … c’est un conflit largement médiatisé.

Destructions iconoclastes, régicides, massacres (d’abord des protestants par les catholiques comme à Wassy dans une grange) puis, à partir de 1567 (Nîmes) des catholiques par les protestants, le paroxysme est atteint lors de la Saint Barthélémy le 24 août 1572.

Une superbe collection d’armures (qui permet d’évaluer la stature des principaux chefs de clans et leur richesse) et de matériel militaire du temps (c’est l’occasion de mettre en valeur les collections du musée), la présence de troupes de mercenaires (les reitres et lansquenets - traduction de Reiter et Landsknecht - allemands qui se vendent au plus offrant), les portraits des principaux leaders des partis antagonistes nous regardent.

Je note l’excellent livret explicatif destiné au jeune public qui en apprendra beaucoup aux adultes sur cette période si loin – et pourtant si proche – de nous.

Des documents passionnants, des portraits réalisés par de grands maîtres comme celui du cardinal de Lorraine attribué au Greco, ou Gaspard de Coligny ceint de l'écharpe de mousseline blanche, ou les instructions militaires écrites dans la doublure de son pourpoint  ...

Le visage allongé d'Henri de Lorraine, duc de Guise et chef de la Ligue catholique dont on ne voit pas la cicatrice  à la joue gauche (on le surnommait "le balafré", c'est lui qui sera assassiné à Blois sur ordre d'Henri III en 1588.

 

 

 

Grande émotion de voir « en vrai » les textes de trois documents majeurs de notre Histoire : l’édit de tolérance religieuse de Nantes (1598) signé par Henri IV, l’édit de Fontainebleau (1685) signé par Louis XIV qui le révoque, et le texte de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’Etat qui fonde notre concept de laïcité.

 

 

 

 

 

 

La haine des clans, guerres de religion 1559 – 1610, exposition au musée de l’Armée (aux Invalides), ouvert tous les jours à partir de 10h, 15€

 

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07 juin 2023

Joyeux anniversaire, ma grande !

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Je suis particulièrement fière de souhaiter un heureux anniversaire à ma fille aînée, Anne-Christine, aujourdhui.

J'ignore où elle se trouve ce matin car ses occupations professionnelles la conduisent dans toutes les régions de France où elle délivre son savoir-faire avec énergie et sagacité, dans un domaine de compétence où elle excelle.

Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre sa vocation de maman, attentive pour Jean-Baptiste, Camille et Benjamin.

Car c'est dur aujourd'hui d'être maman.

Et en plus, d'avoir à se préoccuper de la santé de ses propres parents, comme moi en ce moment.

Je culpabilise un peu de donner autant de tracas à mes trois filles, même si je n'y peux rien.

Joyeux anniversaire, Anne-Christine !

 

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06 juin 2023

Attaquer la terre et le soleil, roman de Mathieu Belezi

 

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Je ne fais partie d'aucun jury de prix littéraire, mais j'ai découvert hier matin l'annonce de l'attribution du Prix du livre Inter à Mathieu Belezi pour son ouvrage "Attaquer la terre et le soleil".

A vrai dire, je ne me souviens plus exactement de qui m'avait suggéré de lire ce livre, sans doute une référence à Michèle Perret, dont les romans nous parlent si bien de l'Algérie de ses ancêtres. Depuis que j'ai fait sa connaissance, je me suis passionnée pour l'histoire de la colonisation, au sens mondial du terme, et ses incommensurables conséquences sur le monde d'aujourd'hui.

Je n'ai pas un mot à retirer de la chronique que j'avais écrite en septembre dernier après la lecture de ce court roman qui "prend aux tripes" et laisse une umpression forte.

Je suis heureuse pour le lauréat, je souhaite que de nombreux auditeurs de France Inter le lisent et en discutent, car c'est une terrible aventure dont on parle bien trop peu souvent ...

 

C'est plutôt une mélopée qu’un roman, un poème épique en forme de stances : pas de majuscules au commencement des phrases, pas de points à la fin des paragraphes.

Mais le témoignage poignant de deux acteurs de cette aventure absurde : la colonisation d’un pays aride par des paysans dénués de tout, la pacification d’une contrée sauvage et les combats sanglants contre des autochtones auxquels on prétend sincèrement apporter les bienfaits de la civilisation, quitte à devoir les étriper.

Un récit à deux voix : la mère de famille qui a entraîné son mari et ses enfants ainsi que sa sœur dans cette aventure périlleuse, croyant aux belles promesses – le don de terres à cultiver – d’un gouvernement espérant faire diversion à ses problèmes internes, et le soldat qui obéit aux ordres et étripe du bédoin à la fois méprisé et redouté.

Cette famille de colons faisait-elle partie du même premier convoi que l'héroïne du roman de Michèle Perret ? Leur destin se recoupent ...

C’est la face de la colonisation qu’on n’a jamais décrite dans les manuels d’histoire. La cruauté, le bain de sang, les maladies dévastatrices – le coléra, le paludisme - les exactions d’une armée ivre de violence  - ils ne sont pas des anges ! - et traquée par des ennemis invisibles fondu dans le paysage inhospitalier, ces occupants qui sont nés et vivent selon leurs traditions immémoriales et surtout leur foi inébranlable.

Une traversée de l’enfer de la colonisation algérienne qui nous rappelle qu’aucun peuple ne réussit à en subjuguer un autre sur le temps long, que la résistance à l’agression étrangère finit toujours par l’emporter, que les dommages mémoriels subsistent dans les esprits au-delà des siècles. Nous le ressentons encore aujourd’hui vis-à-vis des Algériens et eux des Français, et d’autres dirigeants devraient s’en inspirer qui continuent à user de la force brutale pour asservir leur voisin.

Un beau et âpre texte, une dénonciation sans nuance de toute forme de colonisation.

 

Attaquer la terre et le soleil, roman de Mathieu Belezi, aux éditions Le tripode, 153 p., 17€

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05 juin 2023

Louis XIV, la gloire et les épreuves par Jean-Christian Petitfils

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Il ne s’agit pas exactement d’une biographie du Roi-Soleil, mais d’une histoire de son ultra-long règne (72 ans et 100 jours) et de son action au service de la grandeur de son pays, traitée par grands thèmes, mais en suivant la chronologie.

C’est également une analyse économique et politique, autant qu’historique, permettant de mesurer à quel point ce monarque a transformé son époque … et la nôtre, dans un contexte de crise religieuse touchant toute l’Europe.

Si vous avez la curiosité de parcourir la bibliographie de l’auteur, vous serez pris de vertige devant la production fantastique de ce spécialiste aujourd'hui reconnu du XVIIème siècle et de la suite de ses travaux sur les rois qui se sont succédé au pouvoir dans notre pays, des Valois à Louis XVI.

Curieusement aussi, la surprise de lire les critiques formulées par certains historiens universitaires à l’encontre de cet auteur particulièrement clair, et surtout plein de succès auprès du grand public, je facile à aborder, nourri de culture politique – il suffit de parcourir ses titres universitaires – mais qui a fait la plus grande partie de sa carrière comme cadre supérieur d’une de nos plus grandes banques d’affaires.

Un homme d’études, qui réussit de grands tirages, et qui sait écrire de façon élégante : un comble !

Le long règne de Louis XIV est dominé par les guerres : la France poursuit son objectif de devenir la puissance prépondérante en Europe et de renforcer ses frontières, elle est donc en permanence en conflit avec ses voisins : l’Espagne, l’Empire, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Angleterre, au gré de renversements d’alliances (exemple : le Prince de Savoie), et de l’intense activité diplomatique.

L’ouvrage nous présente un monarque qui a l’œil à tout, travaille les dossiers avec acharnement, qui se veut conquérant et paye de sa personne sur les champs de bataille, pratique une diplomatie judicieuse, développe l’industrie et promeut comme jamais les arts, assure l’ordre à l’intérieur malgré les multiples « émotions » populaires, le plus souvent d’origine fiscale.

La partie intime et les multiples conquêtes amoureuses de Louis Le Grand ne sont qu’une facette du personnage. Et l’auteur ne cache pas les erreurs tragiques de son action : la guerre de Hollande et la révocation de l’Edit de Nantes, le sac du Palatinat et la désastreuse bulle Unigenitus, son enfermement volontaire à Versailles et la suppression de toute communication avec les organes représentatifs du royaume, les difficultés financières dues aux guerres et l’appauvrissement des campagnes.

Ce qui transparaît aussi, c’est l’extraordinaire actualité des clans opposés entre eux (on dirait nos partis actuels), la lutte pour les privilèges, les complots, le conservatisme d’une société oligarchique face à un pouvoir de plus en plus centralisateur mais, au final, relativement faible.

Un roi modernisateur, certes, mais un pays toujours aussi résistant à toute réforme…

A ne pas manquer en fin d’ouvrage : les courtes biographies des principaux personnages traversant cette période complexe, et un tableau synoptique des événements de chaque année du règne.

 

Louis XIV, La gloire et les épreuves, par Jean-Christian Petitfils, publié chez Texto, 339 p., 10,50€

04 juin 2023

Pastels, de Millet à Redon, expo au musée d'Orsay

 

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On a tous en mémoire les pastels pris sur le vif des danseuses de Degas ... mais cette technique, si en vogue au XVIIIème siècle, a repris une vigueur universelle dans tous les pays au siècle suivant ...

 

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« Passé de mode à la Révolution française, le pastel connaît une renaissance à partir de la moitié du XIXe siècle jusqu’au début du XXe. La gamme de pastels s’étend alors considérablement tant en termes de nuances que de textures, ouvrant ainsi la porte à tous types d’expérimentations.

Ni dessin, ni peinture, le pastel est un art singulier qui offre un rapport immédiat avec la matière. Constitué de pigments purs, il repose en suspension sur le grain du papier ou sur la toile. La vibration qui en résulte en fait sa beauté, mais aussi sa fragilité. Multiforme, il permet toutes les modulations, du vaporeux de l’estompe aux hachures les plus vigoureuses. Le pastel fait fusionner ligne et couleur, et il est significatif qu’un artiste comme Degas l’utilise de manière quasi-exclusive à partir de 1888-90, l’élection du medium marquant l’aboutissement de ses recherches assidues sur le dessin et la couleur. »

Riche de 500 œuvres, la collection du musée d’Orsay nous en propose une centaine, et nous fait découvrir des artistes rarement cités parmi les peintres majeurs de ce XIXème siècle particulièrement prolifique.

Millet, Degas, Manet, Mary Cassatt, Odilon Redon mais aussi Lévy-Dhurmer, Dévallières … autant de découvertes !

 

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Finalement, je trouve autant sinon plus d’intérêt à découvrir cette sélection qu’à la visite de l’exposition majeure confrontant Manet à Degas

Et j’admire le côté diapré de la carnation des modèles, l'ambiance intime des sujets traités dans leur cadre familial ou encore le côté ésotérique de certaines représentations oniriques.

Décidément, le pastel est loin d’être un art mineur … et cette exposition met en lumière de véritables chef-d'oeuvres souvent peu cités.

 

Pastels de Millet à Redon, exposition au musée d'Orsay jusqu'au 2 juillet - 16€

 

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A noter : le char d'Apollon d'Odilon Redon, la méduse et la dame à la médaille de Lucien Lévy-Dhurmer (voir l'affiche de l'exposition), le surprenant très grand format des archers nus de George Desvallières ... autant de découvertes pour moi.

 

 

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03 juin 2023

Le mystère Bellini, polar historique par Jason Goodwin

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J’achète souvent des livres dans les librairies des musées.

J’ai donc acquis ce polar historique à l’occasion de ma visite de l’exposition Giovanni Bellini. Une nouvelle série historique ? Je n’ai pas résisté.

L’intrigue se déroule entre Istamboul et Venise en 1840, sous le règne du sultan Abdulmecid 1er (1823 – 1861), jeune souverain progressiste.

Le héros est jeune lui aussi, Hachim Lala, eunuque au service du sultan et plus particulièrement attaché à la sultane validé. Il est chargé d’une mission délicate par le vizir Reshid  … mais dont il ignore les tenants et les aboutissants : récupérer le portrait de son ancêtre Mehmet II, peint en 1480 par Gentile Bellini.

Mais il ne doit pas quitter l’Empire 0ttoman et délègue donc la mission à son ami, l’ambassadeur de Pologne auprès de la Sublime Porte, Stanislaw Palewski, représentant d’un pays qui n’existe plus mais continue néanmoins à être rémunéré par le sultan.

Palewski opère sous la fausse identité d’un collectionneur d’art américain, il Signor Brett … Mais il n’y a pas de Sinclair. Car les noms des personnages en rappellent d’autres, comme celui du commissaire vénitien Brunelli.

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Les péripéties de cette quête sont particulièrement touffues. Le plus intéressant est le portrait des deux cités finalement très proches, l’ambiance d’une cité occupée par les Autrichiens (référence : Senso) en pleine décadence, les palais décrépits comme la vieille noblesse prête à toutes transactions pour survivre.

Sympathiques aussi, les recettes culinaires de Hachim qui donnent l’eau à la bouche … et me rappellent mes deux séjours à Istamboul.

En revanche, la description des combats n’est pas très claire  - surtout dans la boue visqueuse d’un canal en cours de curage - et les multiples allusions à un motif mathématique issu de l’œuvre d’Archimède - le diagramme de l'Arénaire - auraient demandé au moins un croquis.

Cicerones aussi dévoués qu’avides, comtesse habile à croiser le fer, assassin Tatar, faussaires tenus en esclavage … la poursuite cache des motifs politiques bien sombres.

Quant au fameux portrait de Gentile Bellini, nous savons qu’il est désormais exposé au Victoria and Albert Museum de Londres.

 

Le mystère Bellini, polar historique de Jason Goodwin traduit de l’anglais par Fortunato Israël, quatrième enquête de l’énuque Hachim, édité chez PLON, 320 p., 24€

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02 juin 2023

Dernière ligne droite pour préparer la fête des mères !

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Bientôt la fête des colliers de coquillettes et autres ouvrages de glaise durcie … Une affaire juteuse surtout pour les commerçants qui ont bien besoin de ce coup de pouce en ces temps de contraction de la consommation.

La loi du 24 mai 1950 dispose que « la République française rend officiellement hommage chaque année aux mères françaises au cours d'une journée consacrée à la célébration de la « fête des Mères » ». Elle en fixe la date au dernier dimanche de mai, sauf si cette date coïncide avec celle de la Pentecôte, auquel cas elle est repoussée au premier dimanche de juin (article 2), et prévoit l'inscription des crédits nécessaires sur le budget du ministère (article 3).

Voilà donc une célébration juridiquement bien balisée ! Et ce n’est pas pour rien que les pubicités télévisées regorgent actuellement de spots pour des parfums !

Mais moi, je ne joue plus dans cette catégorie.

Car je me revendique essentiellement comme une grand-mère et cette fête, je la souhaite à mes filles : Anne-Christine, Florence et Victoire. Ce sont elles, mes mamans préférées, qui m’ont gratifiée de sept adorables petits-enfants.

Alors, Dimanche, fêtons toutes les mamans ! Rien qu’un gros câlin, quel bonheur !

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01 juin 2023

Bistrots parisiens

 

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Depuis que j’ai récupéré une certaine autonomie pour arpenter ma ville en toute liberté, je me débrouille pour me trouver vers midi aux alentours d’un vrai « rade », un bistrot classique où l’on peut se régaler d’une nourriture roborative …

Poireaux vinaigrette, oeufs durs mayonnaise, pâté de campagne, croque-monsieur ou madame, onglet ou bavette à l’échalote, tête de veau sauce gribiche, quenelles de brochet, sole meunière : des saveurs du fond des âges, sans oublier l'emblématique sandwich jambon-beurre.

C’est surtout leur décor sauvegardé qui m’enchante : chaises en bois tourné (selon la technique du bois courbé perfectionnée par Michael Thonet en 1850), grands miroirs biseautés, tables en bois verni ou à piètement de fonte, comptoirs majestueux en cuivre ou en zinc … cependant, on ne jette tout de même plus de sciure de bois sur la carrelage ...

 

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Un saut dans le passé, certes, mais je n’en suis pas encore à repérer les bistrots des années 60 en Formica.

Ce sont généralement des lieux de convivialité, mais les prix ont furieusement grimpé et on n’y rencontre désormais guère de travailleurs dans les quartiers du centre.

Mais je me souviens pourtant d’une aventure qui m’est arrivée il y a une trentaine d’années. C’était dans un rade situé au coin de la rue de Grenelle et de la rue de Bourgogne, et je sortais d’un laboratoire où je venais de faire une analyse de sang, sur le chemin de mon bureau. Au comptoir, je commande un café crème et un croissant pour assouvir ma faim.

Entre alors dans le bistrot un grand type en salopette – il ressemblait trait pour trait à Bruno Carette dans « Milou en mai » le film de Louis Malle.

Il achète un paquet de cigarettes, se retourne et dit à la cantonade : « ça sent furieusement Shalimar, ici, je me trompe, Madame ? » J’aurais voulu disparaître dans un trou de souris …

Bref, j’adore l’atmosphère des bistrots parisiens … aujoud’hui, dans mon quartier, davantage fréquentés par des « working girls » et des messieurs transportant des dossiers.

Un décor chaleureux et des spécialités culinaires bien franchouillardes à sauvegarder !

 

Quelques références :

Aux vieux garçons, 213 boulevard Saint-Germain - 75007 Paris - 01 42 22 06 57

Le Charivari, 143, Boulevard RASPAIL - 75006 PARIS 6ème -01 46 33 82 02

Café de la Mairie, 8 place Saint-Sulpice - 75006 Paris - 01 43 26 67 82

Le Sélect - 99 boulevard Montparnasse - 75006 Paris - 01 45 48 38 24

Le Guynemer - 78, rue d'Assas 75006 Paris - 01 42 02 63 42

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