Un léopard sur le garrot
C'est Claude, enthousiaste, qui livre aujourd'hui sa fiche de lecture, et je l'en remercie.
Chroniques d'un médecin nomade, 288 pages. Collection blanche, Gallimard.
Malgré son Prix GONCOURT, je n’avais jamais lu Jean Christophe RUFIN : quelle erreur !
Car c’est une merveille d’écrivain, clair, simple, passionnant, maître de son expression, en un mot un classique, à la fois élégant et expressionniste (les scènes tunisiennes).
Comme il le reconnaît lui-même, cet acharnement à raconter des histoires haletantes dans un style lumineux, avec l’intention coupable de combler ses lecteurs, est un triple péché mortel en France, depuis 60 ans, et n’a pas du lui faciliter l’intégration dans la République des lettres.
L’auteur aime tellement ses lecteurs qu’il va jusqu’à leur confier des secrets plus ou moins bien gardés : la dureté de l’hôpital, du moins pour les plus faibles –malades et étudiants-, l’oisiveté forcée de certains cabinets ministériels et des diplomates, le brouillon agressif et toxique des humanitaires.
Il a la dent dure, décrivant dans une langue exquise les pires villennies.
Il faut le lire, absolument, pour les clés qu’il nous donne sur la médecine : un jour ou l’autre, hélas, nous en serons les dociles « patients ».