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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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21 février 2008

Affaire terminée, j'arrive ! - Chapitre 13 (1)

Chapitre 13 – Evasions (1)

Je reste un peu interloqué, Je le regarde bien dans les yeux et lui réponds : - Et alors?

- Suis-moi !

J'appelle Jo, qui est juste devant nous, et nous rebroussons chemin en suivant le gars Nous revenons sur les quais. Il nous fait monter dans une navette de banlieue en nous disant :

- Ne vous en faites pas pour les billets, sur ce tortillard il n'y a pas de contrôle. Puis il s'installe dans le compartiment voisin, en nous promettant de nous faire signe quand il faudra descendre. Nous passons plusieurs stations, proches les unes des autres, puis il nous fait signe de descendre et de le suivre à quelques pas. Il fait nuit noire depuis déjà un bon moment et avec le black-out, nous nous efforçons de ne pas le perdre de vue. Au bout de deux à trois kilomètres, il entre dans une maison, et nous le suivons. Il nous dit qu'il a bien compris que nous étions des prisonniers évadés, mais que maintenant il va falloir le prouver. La chose n'est pas difficile et vite réglée, nous avons sur nous tout ce qu'il faut pour ça. Mais quand même, nous qui pensions être anonymes, notre vanité en prend un coup. Nous sommes alors pris en mains par des femmes, très sympathiques et très efficaces. L'homme s'en va, nous disant de rester tranquilles, qu'il reviendra bientôt. De temps en temps, quelqu'un sonne à la porte. Alors, en courant mais sans faire de bruit, nous quittons notre chambre où nous sommes bien couchés et nourris, pour nous cacher au fond du jardin et nous réfugier dans les WC. Lorsque l'alerte est passée, on vient nous chercher. Nous restons là cinq à six jours, perdant un peu la notion du temps, d'autant plus qu'après la cellule, ce séjour fait un peu figure de paradis. Je saurai plus tard que cette attente était une mesure de sécurité.

Un jour notre gars arrive et nous annonce que le départ est pour le soir même. Il est accompagné d'un homme d'une cinquantaine d'années, certainement un ancien combattant de 14-18. Celui-ci nous scrute droit dans les yeux, puis, s'adressant à moi, il me demande si je suis volontaire pour passer de l'autre côté de la frontière un document très important. Évidemment, je suis d'accord. Alors il déplie une grande carte topographique de la vallée du Rhin, sur laquelle sont indiqués tous les dépôts de munitions, de carburants et bien d'autres points sensibles que la Résistance a pu repérer. C'est, me dit-il, très important pour les Alliés, et c'est pourquoi il est impératif de réussir. Si je suis pris, les Fritz ne me feront, cette fois, pas de cadeau. J'encaisse ces paroles réconfortantes, et en même temps je glisse le plan soigneusement plié, entre ma cuisse et mon caleçon.

Quand tout est en ordre et l'heure venue, l'Ancien appelle deux gamins de huit à dix ans, porteurs chacun d'un sac de pommes de terre, et nous dit : - Voilà vos guides. Nous prenons les sacs sur notre dos, les enfants nous précèdent et nous filons par la nuit noire et glaciale. Il y a beaucoup de neige. Nous marchons longtemps à travers champs, puis enfilons un étroit sentier encaissé, où la neige m'arrive à mi-ventre. Avec le sac et la neige, je transpire à grosses gouttes ... Une haie vive borde le haut du sentier, derrière laquelle, par endroits, nous devinons la silhouette emmitouflée d'une sentinelle. Il faut faire vite et surtout sans bruit, le chemin monte et n'en finit pas. A un moment je ne vois plus personne devant moi. Je panique un peu, craignant d'avoir perdu le contact, puis je me ressaisis vite et au bout d'un moment, je retrouve le gamin qui m'attend tranquillement, en me disant qu'à partir de là, il n'y a plus rien à craindre. Une demi-heure après, nous entrons dans une ferme, où un accueil chaleureux nous est fait. Le maitre de maison nous demande la carte que je m'empresse de lui remettre. Il s'en montre vraiment heureux et me félicite, en me disant qu'une fois parvenue chez les Alliés, et il en a le moyen, elle va leur permettre de faire du bon boulot. Nous bavardons un moment, puis un matelas est étendu juste devant la cuisinière, pour un bon repos. Nous savons que nous nous trouvons à Disons, province de Verviers, Belgique.gare_Verviers

Le matin, réveil détendu. Pendant que nous prenons un bon café au lait, le maitre de maison envoie sont grand fils à la gare nous prendre un billet pour Paris. Il nous a échangé nos marks allemands contre des francs français et à 13 h. 20, c'est le départ pour la capitale. Le train est archicomble. Nous faisons la majeure partie du trajet debout dans le couloir, tout est calme. Vers le soir, un jeune couple accompagné de deux enfants de trois à cinq ans nous offre une place assise. Je suis juste en face de la dame, je prends le gamin sur les genoux. Avec la chaleur et le ronronnement du train, celui-ci dort comme un bienheureux qu'il est. ... Arrive une patrouille de contrôle. L'officier me demande mes papiers, alors, avec un geste d'humeur, je fais semblant de les chercher tout en faisant comprendre que je vais réveiller l'enfant. Aussi, avec un geste apaisant de la main, il dit - Gut, Gut ! Je lui dis quand même merci.

 

(à suivre)

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