22 février 2008
Affaire terminée, j'arrive ! - Chapitre 14
Chapitre 14 – Mon mari est un lion !
- Madame, Madame, il y a un télégramme pour vous!
-
Un télégramme ?
Deux mois et demi plus tôt, j'avais reçu la lettre de Jean
m'informant de son échec en Belgique. J'avais aussitôt écrit : "Viens, je
t'attends", la lettre l'avait suivi au camp de représailles. Et c'est
pourquoi il était reparti. Le vendredi 13, à une heure de l'après-midi, j'ouvre
donc le télégramme :
AFFAIRE TERMINEE, J'ARRIVE, signé « KIEN MENS ».
- Mon mari s'est évadé, mon, mari
s'est évadé ...
et je me trouve mal. La porte était ouverte ...
- Madame, Madame, criait la petite bonne qui avait tout juste dix-huit ans, du fond du couloir une voisine alertée
par les cris, vient, Zizou descend ... Je reviens à moi:
- Mon mari arrive, mon mari arrive, mon mari est un lion, il s'est évadé !
Alors, je suis descendue dans la rue, j'accostais tous les passants avec mon télégramme à la main, je les
prenais par les épaules pour leur dire, leur crier que mon mari arrivait, qu'il
était un lion ... J'ai tout laissé, Claudie, la bonne, Zizou ..... Et puis je
me suis mise à chercher partout une carte pour savoir si Loches, d'où venait le
télégramme, était en zone occupée ou non occupée ... Personne n'avait une telle
carte réellement à jour, ici, au Maroc ... C'était l'heure de retourner au
bureau, mon patron m'attendait à deux heures. Tout m'était égal, je pleurais,
je riais, j'arrive au bureau :
- Monsieur, vous n'avez pas une carte interzones ? Non ? Comme c'est malheureux ! Mais vous savez, mon mari s'est évadé, mon mari est un lion ...
- Mais Madame, il ne faut pas vous
mettre dans des états pareils, rien ne nous dit qu'il n'est pas encore en zone
occupée ....
- Mais ne me découragez pas, je vous en prie ! Mon mari s'est évadé,
mon mari est un lion ... Le soir, le télégramme était usé, je ne sais plus ce
qu'il est devenu, mais dans mes mains, il n'y avait plus rien ...
Et puis, plus de nouvelles. Je vais voir le colonel des Zouaves, le Colonel Piquemal, dont le fils était prisonnier
lui aussi. Sa femme m’accueille gentiment. Si seulement son fils pouvait s’enfuir….
J’étais jusque là enfermée dans un mur je ne crois pas en Dieu, mais certains jours, avec la petite très souvent
malade, le soir je pleurais et priais : - Mon Dieu, rendez-moi le père de
mon enfant ! Sacré nom de Dieu, il ne rentrera donc jamais ? le dimanche soir, surtout, ou les soirs de fête, c’était toujours le mur. Jean amis un mois avant de pouvoir rentrer. Mais là, c’est à lui de le raconter.