La Fayette, nous voilà
Biographie par Gonzague Saint Bris – Gallimard, Collection Folio, 527 pages
Voici un personnage historique dont l’image, en France tout
au moins, est pour le moins brouillée : pour les uns hésitant, sinueux,
naïf, incapable de jouer les grands rôles que le destin lui offre plus d’une
fois, pour les autres, l’homme d’une seule conviction, celle de la liberté et
des droits de l’homme, le héros des Deux Mondes. En fait, l’historiographie de
la troisième République n’aura eu de cesse de le présenter sous un jour
défavorable. Orphelin et millionnaire à quatorze ans, marié à seize ans à la
femme de sa vie (qui n’en a que quatorze et qui se dévouera jusqu’à venir
volontairement partager une captivité de plusieurs années lui ruinant la santé),
il décide, seul, à dix-neuf ans, de partir soutenir les « Insurgents »
américains en finançant l’expédition sur ses propres deniers. Universellement
honoré aux Etats-Unis, fils spirituel de Georges Washington, franc-maçon
convaincu et exemplaire, croyant viscéralement en les vertus de la république, il
traverse la période révolutionnaire de façon atypique, en mettant en selle le
roi Louis-Philippe.
On apprend une foule de chose en lisant la vie de ce
personnage de roman auquel l’auteur a consacré vingt ans de recherche. Il faut
en aimer le style, plus près de l’édito dans Elle que de la rigueur
universitaire. C’est parfois agaçant, mais on finit par s’y habituer, ne pas
laisser tomber pour connaître la fin. Cet ouvrage a au moins le mérite
d’apporter au lecteur une explication à la ferveur américaine entourant le
personnage, chose tout de même assez exceptionnelle pour être soulignée.