Lisez la Constitution américaine
Une contribution de Claude :
La bataille
CLINTON/OBAMA, et la future bataille McCAIN/ X ?, commencent à intéresser
les Français : bonne occasion pour revenir aux fondamentaux, c’est à dire
à la Constitution des Etats-Unis d’Amérique. Ce qui aide aussi à profiter des
nombreux films et séries américaines sur la vie politique américaine comme The
West Wing, les Hommes du Président, Mr Smith au Sénat… etc.
En fait, c’est
rédigé dans cet anglais juridique très proche du français de Guillaume le
Conquérant, en un style simple et clair – par des Congressmen dont beaucoup
étaient des autodidactes, et avaient le souci prioritaire d’être compris de
tous les citoyens (et des notes éclairent les points d’ombre).
« Ce
qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent
aisément » dit notre BOILEAU. Les Constituants
américains en donnent un exemple, avec la Section 1 de l’article
4 consacré aux Etats. Jugez-en : « Full Faith and Credit shall be
given in each State to the public Acts, Records, and judicial Proceedings of
every other State”. Autrement dit : chaque Etat reconnaitra
pleinement les décisions publiques, actes enregistrés et procédures judiciaires
de tous les autres Etats. En une phrase, on dit à la fois que chaque Etat règle
ses affaires, mais que, par exemple, un mariage célébré dans un Etat sera
reconnu dans les autres, un produit conforme à la réglementation d’un Etat sera
admis dans les autres, ou un professionnel reconnu dans un Etat sera reconnu
dans les autres…Notre Europe communautaire a mis 34 ans pour adopter, dans
l’Acte unique (merci Jacques DELORS !) ce principe lumineux de simplicité.
Tout est à l’avenant : en lisant le
texte, vous voyez se dessiner l’articulation des pouvoirs (checks and balances)
entre le pouvoir fédéral de Washington et les Etats, entre les deux Chambres du
Congrès et le Président, entre l’Exécutif et le Judiciaire (Cour suprême, jury
systématique), et vous voyez les précautions prises pour protéger les droits
des citoyens.
Bien sur, la
démocratie américaine n’a jamais été aussi belle que ne le disent ses textes
fondateurs : les intellectuels français ne manquent d’ailleurs pas une
occasion de nous rappeler ce qui ne va pas (lire l’Ennemi américain, de
Philippe ROGER, Le Seuil). Mais au moment où se multiplient les micro-Etats nés
de l’impossibilité de vivre ensemble, demandons-nous comment une organisation
conçue au XVIIIème siècle pour unir 13 petites colonies étalées sur trois mille
kilomètres de côtes, fédère aujourd’hui 50 Etats peuplés de 300 millions
d’habitants sur 10 millions de km².