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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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12 avril 2008

Une erreur judiciaire : l’assassinat à Rodez du procureur Fualdès

Cour_d_honneur_de_l_Ev_ch_Cette horrible histoire, qui fut l’une des premières affaires que les médias du monde entier ont passionnément relatée, s’est passée à Rodez, le 19 mars 1817. Ce soir-là, Antoine Bernardin Fualdès, ancien procureur impérial du département de l'Aveyron et bonapartiste convaincu, sort de chez lui à la nuit tombée. On retrouve son corps, flottant dans l'Aveyron, le lendemain matin, une plaie de près de 10cm sous l’oreille et entièrement vidé de son sang. L’enquête ne traîne pas : le 18 août 1817, le premier procès de l'affaire Fualdès débute à Rodez. Charles Bastide-Gramont, filleul de Fualdès, Joseph Jausion, agent de change, ainsi que Jean-Baptiste Collard, habitant de la maison Bancal, sont condamnés à la prison. La peu farouche Clarisse Manzon, qui prétend avoir assisté mais sans rien voir, au meurtre, est accusée de complicité. Le jugement est annulé pour vice de forme. Le 21 décembre 1818, un deuxième procès de l'affaire Fualdès se tient à Albi, à la Cour d’Assises du Tarn. Clarisse, théâtrale et manipulée jeune femme de 26 ans, est libérée. Bastide, Jausion et Collard sont guillotinés. Albi encore, un troisième procès se tient au cours duquel plusieurs notables accusés de complicité sont relaxés.

ruelleMais qui et surtout pour quel mobile le pauvre Fualdès a-t-il été assassiné ? Pour le dépouiller d’un sac d’argent, mais qu’allait-il faire dans cette maison Bancal mal-famée, sans lumière, à la nuit tombée ? Le magistrat était un ancien révolutionnaire, franc-maçon et très actif contre les prêtres réfractaires. On pressentait qu’il savait bien des choses sur l’évasion de Louis XVII du temple….Une correspondance anonyme est adressée au Garde des Sceaux, Decazes, qui se garde bien de faire une enquête. En réalité, c’est l’opinion publique qui fait la justice. Car pour la première fois, les imprimeurs publient au jour le jour les comptes rendus des audiences. On ne comptera pas moins de 500 témoins, pour la plupart stipendiés et manipulés. On écartera les témoins à décharge. Les mémoires de Clarisse Manzon, traduites en plusieurs langues, deviendront un best-seller, une complainte de 48 couplets sur l’Air du Maréchal de Saxe, connaîtra un énorme succès, de multiples gravures dépeignant les protagonistes de l’affaire et les condamnés, exécutés alors qu’ils étaient innocents ou morts en prison, seront publiées.

Fa_ade_ouest_d_tailCrime crapuleux ou crime politique ? Selon Jacques Miquel, la thèse de l’assassinat politique ne tient pas. Mais selon Philippe Méraux, qui a publié aux éditions du Rouergue « Clarisse et les égorgeurs », à partir d’archives familiales publiées récemment, il s’agit d’une véritable exécution, perpétrée après un simulacre de jugement, par un bourreau professionnel lui-même obligé à ce crime pour faire oublier ses activités antérieures. Les acteurs de ce drame sont des conjurés ultraroyalistes, dont certains figureront comme témoins aux différents procès, membres d’une secte secrète des Chevaliers de la Foi, et qui sachant leur complot découvert, vont tuer le pauvre Fualdès après l’avoir vraisemblablement délesté de certains papiers compromettants et d’une forte somme d’argent.

Lorsqu’on lit «Da Vinci code», on se dit que toutes ces histoires de sociétés secrètes ne tiennent pas debout. C’était cependant loin d’être le cas au XIXème siècle, en ces temps troublés où des régimes tout à fait opposés se succédaient à un rythme rapide, où Charles X complotait contre son propre frère, et où un vaste complot ultranobiliaire visant à « prendre d’assaut » la ville de Rodez avec de manifestes complicités au niveau civil et religieux le plus élevé n’avait pas hésité à piller une malle poste pour financer ses activités. Bref, la ville de Rodez, notamment à travers la complainte du pauvre Fualdès, eut longtemps à subir une image de noirceur et de dangerosité totalement injustifiée. Il est vrai pourtant qu’en parcourant récemment, à la nuit, la fameuse rue des hebdomadiers (aujourd’hui, rue de Bonald), on en tremble encore !

(en haut à droite : la Préfecture, en bas à gauche la Cathédrale)

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