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18 juin 2008

Alfred Brendel, tournée d'adieux (?) à Toulouse

Alfred_Brendel« Le génie au piano, c’est jouer avec exactitude et audace ; c’est savoir faire la différence entre magie et métier » dit le Maître lui-même. Hier soir, nous avions droit à tout : le métier et l’audace, mais surtout la magie. Imaginez vous aussi une salle octogonale, une arène, pas le Royal Albert Hall mais tout de même….pleine jusqu’aux derniers rangs, bruissante. La scène occupe la moitié du parterre, un trapèze de bois blond. Au milieu, l’immense Steinway. L’homme s’avance, svelte, droit, élégant dans son habit de soirée un peu désuet, il se met à jouer, je vois ses mains puisque je suis placée très haut, derrière le soliste : ses doigts se reflètent sur le vernis du piano, une indéfinissable douceur dans la façons d’interrompre tout son..puis de repartir dans un éblouissant passage d’une virtuosité inouïe.

Brendel_au_pianoUne soirée de rêve avec un programme des plus classiques  J. Haydn (variations en fa mineur), Mozart (Sonate en fa majeur, K533), Beethoven : Sonate quasi una fantasia en mi bémol majeur) et enfin Schubert (Sonate en si bémol majeur). Trois « bis » : Bach, Liszt, Chopin, deux standing ovations, le Maître salue, tout juste un peu raide, à 78 ans, après une telle performance on ne lui en veut pas, nous laissant dans les étoiles. Mais ce n’est pas tout à fait fini….Un quelconque adjoint au Maire de Toulouse, même pas le nouveau Maire, ramène Alfred Brendel sur le devant de la scène, lui décerne un compliment ridicule et lui colle la médaille de la Ville entre les mains…Pardonne-leur, Père, parce qu’ils ne savent pas à quel trésor vivant ils ont affaire….Je n’en reviens pas : j’ai entendu « en vrai » un prodige que je ne connaissais qu’en CD, depuis que je sais ce qu’est la Musique….

Posté par Bigmammy à 08:37 - Lu et vu pour vous - Commentaires [4] - Permalien [#]

Commentaires

  • brendel 17 06 08 toulouse

    Nous ne devions pas être loins car moi aussi, j'étais trés haut derrière à regarder ses mains se refléter sur le vernis du piano,celles du seul que l'on peut bien appeler Sir Alfred depuis Hitchcok. Je suis totalement en phase avec tes propos, y compris concernant l'employé de mairie qui n'a même pas réussi à perturber un auditoire comblé,gavé d'aise; il me semble seulement qu'à moins d'avoir rêvé,ce qui en toute hypothèse était bien le cas et de la meilleure des manières, le troisième bis était l'impromptu en sol bémol de Schubert.

    Posté par pat, 18 juin 2008 à 21:35
  • je ne suis pas assez savante

    pour avoir reconnu le dernier impromptu, et te fais confiance ! C'était si beau en effet, on croyait planer....

    Posté par bigmammy, 19 juin 2008 à 09:43
  • Koroliov fantastikov !

    Hier soir, vendredi 12 09 08, j'étais au cloître des Jacobins pour écouter LE pianiste de J S BACH aujourd'hui: le russe Evgueni Koroliov. J'étais avec mon père et, devant un parterre huppé, je n'ai pas osé crier ou panneauter: "Big Mammy, es tu là?".Son style et son toucher, sa musicalité sont d'une classe, d'une grâce absolument éblouissantes. Il rejoint pour moi les grands anciens panistes dans Bach :Edwin Fischer et Svlatoslav richter (je laisse Gould aux lecteurs de Paris Match:le poids des mots,le choc des photos), Brendel,lui,dit qu'il n'aime pas jouer Bach: Nobody's perfect!

    Posté par Lauze, 13 septembre 2008 à 20:41
  • farewell bigmammy

    Une viennoiserie, çà fait toujours plaisir en hiver, ou une madeleine proust,et ce cher Alfred Brendel nous offre en CD ce magnifique concert toulousain (à Hanovre six mois aprés en décembre 200 à l'identique sauf le bis de Liszt, mais avec en bonus, en bonheur,le concerto jeunehomme de Mozart joué comme un jeune homme ... n'aurait jamais pu le faire, au Musikverein de Vienne avec évidemment la splendide, exigeante,aristocratique Philharmonie de Vienne.
    Avec les philharmonikers, Alfred vise droit aux coeurs.Et celui qui est le seul pianiste vivant (et maintenant retraité) membre d'honneur de cet orhestre, le troisième de l'histoire aprés Emil Von Sauer, prestigieux élève de Liszt, et le grand Wilhelm Backhaus décédé vers 1960, obtient plus de vingt minutes d'applaudissements d'un public par définition connaisseur, et les critiques de presse unanimes dans la louange.
    En somme, "The farewell concerts" ne saurait être un adieu, mais plutôt et pour le plus grand bonheur des gammes, le bonjour d'Alfred.
    Salut , et bonne écoute. Patrick.

    Posté par lauze, 21 février 2010 à 00:25

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