Et de retrouver ma maison, dans la splendeur de ce premier jour d'été, conforme à l'idée de l'été dans ce coin de paradis : un silence tout juste bousculé par les trilles d'un rossignol, trente degrés dehors et 23 dedans : 60cm de pierre constituent une climatisation naturelle - et écologique - hors pair, des images de merveilles plein la tête.
Je vous ai déjà parlé de la soirée Alfred Brendel...C'était le prétexte de cette escapade au sud... ensuite la visite de Lourdes, cela méritera un papier spécifique.
J'y ai prié sincèrement la Vierge pour lui rendre grâce de m'avoir protégée cet hiver. Malgré la foule, des jeunes partout, des enfants, des vieux, des valides, des malades, on perçoit une ferveur que n'altère en rien les rues où se pressent à touce-touche, les marchands de souvenirs en tous genres et de tous les goûts, généralement très mauvais. Mais qu'importe, ce n'est pas cela que les pèlerins viennent ici chercher. Un coup de châpeau architectural aussi pour la basilique enterrée Saint Pie IX, d'inspiration gaudienne évidente, ce matin-là pleine à craquer....
Ensuite, quelques kilomètres pour atteindre le petit village de Gavarnie, et la découverte immense du site. Classé au patrimoine mondial, cela va de soi. Mais ce n'est pas descriptible. Je suis montée à mi-chemin et sans doute ai-je manqué l'essentiel de ce cirque gigantesque, dont la lumière vibre à chaque minute, dans le fracas du gave qui dévale la pente.
Notre hôtel donnait sur la barre montagneuse, on pouvait presque toucher le pic Marboré.
Beaucoup de touristes, bien entendu, sans doute en couplage après Lourdes, histoire de tutoyer le paradis. Mais maintenant, hors saison, c'est très supportable...sauf qu'ils sont tout vieux...comme nous !
Etape suivante, et c'est le cas de la dire, les cols du Tourmalet (2115 m) et d'Aspin (seulement 1489m). En voiture, une promenade de santé. On est seulement dérangé par les troupeaux - chèvres, brebis, lamas (!), bovins, qui passent d'un côté de la route à l'autre, et puis aussi les cyclistes..Alors là, respect ! parce qu'il faut se le faire le  dénivelé : à Aspin, en 12 km, la route passe de 704 à 1489 mètres !
Les panoramas - le Pic du Midi - sont splendides (le mot est faible).

Dernière étape de notre voyage : sur les pas de Pierre Briot, qui a franchi ces cols à pied en 1943, un autre pèlerinage jusqu'à Barbastro, petite ville aragonaise où il fut enfermé. Nous n'avons pas retrouvé la prison, mais nous avons découvert en chemin la cité de l'Ainsa, un oppidum  fortifié où une bastide est patiemment reconstruite.  Son promontoire ceint de murailles domine et surveille la vallée où se rejoignent deux torrents le Cinca et l'Ara.

Les espagnols ont construit en aval un immense barrage,

  aussi la vue des remparts  donne-t-elle aujourd'hui sur un beau lac turquoise.

C'est mieux que de surveiller les attaques des Maures. Une jolie ville perchée, où on a conservé la tradition de heurtoirs de porte aux formes...disons  symboliques de la fécondité.

Il fallait bien revenir, nous avons choisi de traverser le Val d'Aran, où on découvre pour la première fois notre Garonne, déjà un puissant torrent. Cette région catalane tournée vers la France n'a été désenclavée par un tunnel  qu'à partir de 1948. leur parler est un dialecte gascon, l'aranais, aussi différent du castillan que du catalan, et auquel les habitants semblent très attachés.
Voilà en résumé des quatre jours d'excursion, sur 1100 km. Comme toujurs, de belles images plein la tête, et le dos rompu de courbatures !