Le Montespan, par Jean Teulé
Moi qui ne lis pratiquement aucun roman, à l'exception des polars bien évidemment, j'ai adoré celui-ci, tant par la finesse de son style que par la profondeur des sentiments dépeints.
Qu'est-ce qui pousse un écrivain à multiples facettes (TV, BD,....) à écrire le destin d'un cocu ? Comment ne pas tomber dans le pathos, rester toujours sur le versant glissant de la lucidité et de l'humour, ravageur, sans éluder la souffrance ? Comment faire triompher le ridicule sans jamais se départir d'une passion ?
Le Montespan est une oeuvre dense, qui se lit d'une traite, qui vous entraîne dans des sensations voluptueuses autant qu'abominables. On se souveint du "Parfum" de Patrick Süsskind...Est-ce que l'ambiance de ce XVIIème siècle finissant y est pour quelque chose ? Sans aucun doute, ainsi soupire-t-on avec le pouvre Marquis, son ardeur à continuer à aimer cette femme qui lui a donné tant de bonheur pendant quatre ans, et dont il enterrera l'amour en haut d'une colline, après avoir fait ajouter à ses armoiries des cornes de cerf, symbole de son malheur. Et en plus, il ne se satisfait nullement d'être cocufié par le Roi Soleil...il le braven au mépris de toute prudence. Cette impudence n'a dégale que l'impudicité de son épouse. Louis XIV finira par se lasser de sa maîtresse, qui s'en ira mourir dans un couvent de l'Allier (ça, c'est vraiment sévère !)
Jean Teulé, écrivain touche-à-tout hyperdoué, nous enchante avec cette histoire où aurait pu figurer, s'il avait été plus jeune, un comédien de la trempe de Jean-Pierre Marielle. Les tournures sont délicieusement démodées, l'histoire étincelante, sans une seule longueur. Un vrai bonheur pour le lecteur.
333 p. édité chez Julliard, 20€