Depuis quelques jours, je m'interrogeais : pourquoi annonce-t-on l'ouverture du 46ème salon de l'Agriculture, alors que parmi mes meilleurs souvenirs d'enfance, la visite avec mon père de ce salon m'enchantait, et ce bien avant 1964 ?

Vérification faite, c'est sous ce vocable précis (SIA) que cette manifestation a sa place privilégiée dans le calendrier de toutes les provinces depuis le 9 mars 1964, à la Porte de Versailles, mais elle a aussi une très longue histoire.
Prolongement des Comices agricoles, le Concours général Agricole se tint pour la première fois à paris, au palais de l'Industrie, en 1870 - avant le conflit, naturellement, et dans la droite ligne des Expositions Universelles !

Depuis, cette décade est le rendez-vous de tous les producteurs, un rituel, un pélerinage aussi important que celui de croyants au Paradis.
Ici, à Fumel, notre Boucher-éleveur ne la manque jamais : c'est l'occasion de monter à Paris avec sa ravissante épouse, d'aller voir une pièce de théâtre de boulevard, de faire la fête entre amis.
Je me souviens de cette atmosphère unique où flotte dans l'air les effluves des viandes qui grillent du côté des boeufs charolais, des brisures de paille en suspension dans les rayons de soleil, des regards profonds et désabusés des bêtes paisibles, y compris d'énormes taureaux gentiment attachés par le nez et largement enrubannés de liens de couleurs, de truies résolument endormies sur leurs portées prolifiques. Enfant, j'étais émerveillée. A l'époque, on pouvait aussi visiter le salon de la machine agricole voisin : j'ai encore en mémoire les énormes mois-batt, les tracteurs, rutilants des pneus au sifflet.....
La dernière fois, nous sommes restés plusieurs minutes coinçés sur une large passerelle menant aux "produits de terroir" tant les flux montant et descendant se mêlaient si inextricablement que plus personns ne pouvait avancer d'un pas....
Si vous y allez, surtout avec des enfants, choisissez le matin, à l'heure où l'on nourrit et bichonne les vaches. C'est "vachement" intéressant.