04 mars 2009
Le Livre de saphir, roman par Gilbert Sinoué
Mea culpa. Je confesse avoir été inutilement sévère à
l’égard de l’oeuvre de Gilbert Sinoué à propos de son dernier livre
« Erevan ». Je viens en effet de terminer – à regret – l’un de ses
ouvrages précédents :
le Livre de saphir.
L’histoire se déroule dans l’Espagne des rois catholiques
Isabel et Fernando, cinq ans avant la chute du dernier émirat de Grenade et la
découverte des Amériques. Une époque troublée où rode la Sainte Inquisition et
gronde la guerre aux frontières. Il s’agit en effet d’un road-movie mystique,
la quête d’un Livre écrit par Dieu lui-même, menée à travers mille périls par
trois érudits : Rabbi Ezra, Cheik Ibn Sarrag, le frère Vargas, et aussi
Dona Manuela Vivero qui les « accompagne ». Trois puis quatre héros
dont les compétences infinies sont indissociables pour résoudre une à une les
énigmes que leur a léguées le sage Aben Baruel avant de périr sur le bûcher,
dénoncé pour avoir continué à judaïser. Des héros à la foi inébranlable, que la
quête initiatique fait mûrir en chemin, et qui nous apportent un éclatant
message de tolérance et de respect.
Le Livre de saphir est aussi un roman époustouflant
d’action, de combats, de portraits criants de vérité. Je pense à Alexandre
Dumas et j’élimine tout de suite Dan Brown et son Da Vinci code, largement
dépassé. Les sons, les couleurs, la poussière, les costumes, les caractères
sont rendus avec une acuité étonnante, dans une très grande fluidité.
Car l’écriture est superbe.
Vous savez combien j’ai de difficulté à
« entrer » dans un roman, mon goût se tournant plus volontiers vers
les ouvrages historiques ou les biographies, les documents bien réels. Là, je
rends les armes : la documentation est infinie, les références religieuses
expliquées avec une clarté remarquable. Bien évidemment, la lecture récente du
« Dictionnaire amoureux de judaïsme » de J. Attali, m’a aidée, mais
qu’importe : le livre de Gilbert Sinoué – qui a reçu en son temps le prix
des libraires – représente une somme de recherches impressionnante, qui vous
filent entre les lignes grâce à un talent de conteur hors pair.
Je me suis
régalée, j’en ai eu plein les yeux pour plusieurs jours, j’ai très envie de
faire lire ce livre à Claude, et surtout de lui demander de nous emmener
visiter les villes où se déroule l’intrigue (Caravaca della Cruz, Teruel,
Huelva, Jerez de los Caballeros, le château de Montalban entre autres), livre
en main.
Editions Denoël, collection Folio, publié en 1996, 660 pages.