Revoir les Nymphéas
Il nous arrive de parcourir des milliers de kilomètres pour admirer une collection de tableaux. Je pense aux merveilles entrevues à Madrid.
Pourtant, à l'écart du bruit et de la fureur parisienne, isolé sur un promontoire parallèle à la Seine, existe un musée qui à lui seul constitue un havre de paix : le Musée de l'Orangerie.
Petite, je l'avais visité avec mon père pour y voir des Renoir, des Toulouse-Lautrec, bien avant que toutes ces oeuvres du XXème siècle ne soient réunies dans un écrin à la mesure de leur beauté, le Musée d'Orsay (merci Giscard !)
Je me souvenais vaguement des "Nymphéas", plutôt comme d'une suite de tableaux flous, mal éclairés, limite poussiéreux....
Aujourd'hui - depuis 2006 à vrai dire - les Nymphéas de Claude Monet ont retrouvé le cadre qui avait été conçu par l'artiste lui même, comme un asile où retrouver la paix. Oeuvre maîtresse des dernières années de sa vie, il avait décidé d'en faire don à la France au lendemain du jour de l'armistice en 1918, et avait demandé à Georges Clémençeau de l'aider à accomplir son voeu.
Bataillant contre l'âge et la cataracte, il est mort quelques mois avant l'inauguration de cet ensemble sans bords ni limites, placé dans deux salles en forme d'ovale allongé formant le signe de l'infini....Paradoxalement alors, en 1927, les impressionnistes étaient passés de mode, et les peintures n'eurent pas grand succès. L'époque était passée au cubisme, fauvisme....
La restauration réalisée au début du XXIème siècle est superbe. Elle redonne aux Nymphéas leur lumière et leur rythme. Les Japonais sont là, eux. Mais il n'y a pas foule...
Pourtant, vous ne perdrez pas votre temps car au sous-sol, l'extraordinaire collection Walter-Guillaume vous mène aux sommets de l'art des années glorieuses de Montparnasse et Montmartre : Renoir, Cezanne, Sysley, Derain, Soutine, Utrillo, Marie Laurencin, Modigliani, Picasso ...ils sont presque tous là, rendant hommage à Paul Guillaume, marchand d'art à l'épouse magnifique et sulfureuse (et qui fut le principal marchand de Giorgio de Chirico).
Et je garde pour la bonne bouche l'histoire étonnante de Doménica Walter, cette femme splendide....