Les 3 royaumes, film de John Woo
Je suis encore toute étourdie, je devrais dire éblouie, par le film époustouflant que je viens de voir ! S'il est vrai que l'histoire de la bataille de la Falaise rouge et la Chronique des 3 royaumes et l'une des épopées les plus connues de l'Asie entière, ce n'est pas vraiment le cas en Europe. C'est donc pour nous une découverte complète que ce scénario, puisé aux sources historiques et littéraires les plus précises, et servies par l'art accompli du cinéaste hongkongais John Woo (né en 1946, comme moi, et dont chacun a en mémoire, parmi d'autres oeuvres : Broken Arrow, Volte-face, Mission : impossible 2, Windtalkers, les messagers du vent).
L'histoire est compliquée, surtout pour un européen, peu au fait de la longue et riche histoire de la Chine. Nous sommes au tout début du IIIème siècle après J.C. C'est bientôt la fin de l'empire des Han, pas encore la prise de pouvoir des Jin.
Juste l'histoire d'une bataille qui va, pour un temps, donner un coup d'arrêt à l'unification de l'Empire chinois qui se compose alors de 3 royaumes : au nord, le Wei, dont le premier ministre auto-proclamé est le général Cao-Cao (Zang Fengyi,) au sud-ouest (capitale : Chend-Du) le Shu, dirigé par Liu Bei assisté de son jeune conseiller militaire Zhuge Liang (Takeshi Kaneshiro), et au sud-est le royaume Wu, dirigé par le faible Sun Quan, qui a la chance d'avoir pour général le jeune Zho Yu, magistralement incarné par Tony Leung Chi Wai (vu dans In the mood for love), ici, en grand, amoureux de sa très splendide épouse - aussi convoitée par Cao-Cao, la belle Xiao Qiao (Chiling Lin, pour la première fois à l'écran). Vous me suivez ?
La suite, c'est la mise en pratique des principes de l'art de la guerre, ou comment se débrouiller pour gagner une bataille quand on dispose de dx fois moins de forces que l'adversaire, mais qu'on connaît la météo et qu'on est intrépide, unis et malins.
Bon, c'est un peu difficile au début car ils se ressemblent tous et on a du mal à se souvenir des noms des différents personnages, mais très vite, on est emporté par le feu de l'action. Et c'est peu dire, car les chinois sont des experts en utilisation de l'arme du feu.
On admire aussi, au-delà des cascades remarquablement réglées - il a du métier, le bougre - la précision des costumes : les armures articulées d'écailles de jade, les coiffures des hommes, les vêtements simplissimes, les techniques de renseignement, de guerre bactériologique (oui, déjà !). Pas d'effets spéciaux "oniriques" comme dans Le secret des poignards volants, des personnages féminins attachants et bien valorisés, une histoire d'amour délicate et riche.
Avec une philosophie sous-jacente jamais en défaut : tout plutôt que la guerre, abandonner la partie mais sauvegarder les populations, et, en guise de mot de la fin après la bataille : "Nous avons tous perdu".
Pour moi, qui adore le cinéma chinois, toutes les références souhaitables sont réunies : les acteurs ont tous joué sous la direction de Zhang Yimou, Chen Kaige..., c'est un film à voir sur très grand écran, et la musique est particulièrement réussie. Il y a même de l'humour, en particulier une scène de récupération de flèches directement issue du roman (écrit au XIVème siècle par Luo Guan Zong, pour les puristes).
A voir absolument, pour les amoureux du genre !