06 mai 2009
Un dictionnaire à se taper le c... contre la suspension
Je crois bien que je ne me souviens plus quand j'ai autant ri avec un livre qu'en feuilletant celui là :
le Dictionnaire des expressions quotidiennes, par Charles BERNET et Pierre REZEAU (chez Balland, 766 p.)
Rien à voir avec la famille Bernet (dommage) mais un monument à la gloire de la langue française actuelle, celle des blogs, des journaux sportifs prompts à la métaphore, de la politique, du cinéma (Ahhhh... Audiard !), des médias. Car notre langue évolue et pas seulement en adoptant des anglicismes, comme voudraient nous le faire croire certains grincheux dotés d'une "gueule à coincer des roues de corbillard" (p.177) : "avoir un air maussade, renfrogné, sinistre".
Vous n'arrêterez pas, si vous ouvrez ce livre, de sauter d'une entrée à l'autre, les yeux embrumés de larmes, le corps secoué de spasmes d'un incoercible rire. Un vrai bonheur plein d'images étonnantes, hardies, parfois salaces, toujours désopilantes. Et à côté, le sérieux imperturbable de la définition et des références littéraires dégotées par ces très distingués linguistes. Un nouveau "Gaffiot" en somme, mais sans les gravures....
Une explication pour l'expression "c'est à se taper le derrière contre la suspension" : loc. phrast. "c'est insensé". L'expression est sur le modèle de "c'est à se taper le c.. par terre", naguère abrégé c'est astap. Suit une référence chez J. Galtier-Boissière, Mon journal depuis la Libération, 1945, p.27.
Quelques "perles" : prendre quelqu'un pour un jambon, avoir à vendre un cercueil à deux places (où on se remémore ce qu'est un oxymore), chercher le poil dans l'oeuf, mouiller la compresse à quelqu'un = être excessivement affable envers quelqu'un, s'endormir en petite cuillère, mettre une disquette = raconter des bobards, lapin de six semaines = niais, nigaud, manque de mâturité...chanter en lavabo = chanter sur des paroles peu compréhensibles avec les intonations de l'anglais...par allusion aux borborygmes d'un lavabo qui se vide......j'en passe et de bien meilleures.
Bref, une leçon de grammaire à se rouler par terre...et qui montre avec quelle puissance notre langue française épouse son époque et fleurit de mille fleurs.
sais tu que je collectionne les dictionnaires, et que je me les trimballe de pays en pays ? celui la serait parfait dans ma collection ;o)