10 juillet 2009
L'hirondelle avant l'orage, roman de Robert Littell
Dans la
famille Littell, tout le monde connaît désormais Jonathan,
auteur des inoubliables Bienveillantes ; on a moins lu son père, Robert,
journaliste américain longtemps posté à Moscou, et grand spécialiste de
l’espionnage.
La Tchekha se déchaîne, et Mandelstam entre dans le noir
univers de la torture physique et morale, où il retrouve quelques braves
soviétiques innocents, qui finissent par se dire que si la Parti les trouve
coupables, c’est qu’ils ont bien commis quelque faute, mais laquelle ?
Staline, qui admire le poète, décide qu’il aura la vie
sauve, ce qui nous fait visiter une société où on survit grâce à la profonde et débrouillarde humanité dont est
capable le Peuple russe, et où les jeunes cadres dénoncent allègrement leurs
supérieurs pour prendre les bonnes places, et s’approprier leurs glacières
électriques.
Mandelstam, « armé du pouvoir explosif enfermé dans le
noyau des poèmes », choyé par sa douce épouse Nadejda, tient le coup un
moment, terrorisé et divagant, mais toujours vivant. Il meurt en 1939 au
« Camp de la Deuxième rivière », ce qui fait dire à Staline :
« Le con ! comment vais-je faire maintenant ? »
Il y a eu beaucoup de tableaux du Goulag, mais celui-ci,
avec son humour, son humanité, sa vérité, son écriture splendide, mérite
absolument d’être lu.
Traduit
de l’américain par Cécile Arnaud