Depuis quarante huit heures, il ne tenait plus : il avait vu et touché les animaux, attachés à des piquets aux carrefours de la ville, pour attirer l'attention, ainsi que les affiches annonçant le "pestacle" de cirque...Il attendait le zèbre, et surtout le dromadaire avec tant d'impatience, qu'il n'a pas pu s'endormir pour la sieste quotidienne.

Hugo est enfin entré dans l'arène. Une arène bien sommaire, sans même un tapis de sol, directement sur le bitume du parking où se tiendra demain matin le marché. Et aussi une fournaise, autant pour les spectateurs que pour les animaux et surtout les acrobates, le chapiteau étant planté sous le soleil de plomb...En pénétrant là-dessous, je me suis demandée si nous tiendrions, même avec une bouteille d'eau....

En tout, quatre jeunes filles, dont la plus petite mais non la moins gracieuse de cinq ans seulement, et un dresseurs d'animaux, sans compter le clown. Un poney shetland monté par un singe, un chaton funambule, tigre minuscule, une chèvre alpiniste, le fameux dromadaire albinos - c'est tout ce qu'il sait faire car il n'est pas encore adulte - et des numéros d'acrobatie dans un cerceau suspendu à trois mètres du sol le plus dur qui se puisse imaginer.....


J'en tremblais pour la longiligne acrobate de 11 ans, selon les dires du Monsieur Loyal invisible.
Nous étions d'un coup propulsés dans La Strada !

Mais le clou fut le numéro final : le clown requit deux jeunes hommes pour aller quérir une bête féroce....et Tim se dévoua. On le vit réapparaitre avec son comparse sous la forme d'un éléphant.

Alors Hugo, comprenant qu'il s'agissait de son Papa à l'intérieur de l'enveloppe en toile cirée grise, se mit à hurler : "Je veux que Papa sorte de là !".







Le numéro fini, le petitou n'eut de cesse de toucher le visage de Tim afin de vérifier si la trompe avait bien disparu...
Un mini-drame en carton pâte, mais j'emmènerai Hugo la prochaine fois au Cirque d'Hiver, pour qu'il voie "en grand" ce que signifie un "pestacle" de cirque !