23 septembre 2009
La prospérité du Vice, essai de Daniel Cohen
La critique de Claude :
C’est, paraît-il, le livre de chevet des gouvernants, des
banquiers et des journalistes, et c’est heureux, car Daniel Cohen, l’un des
fondateurs de l’Ecole d’économie de Paris, a réussi l’exploit de résumer
l’histoire économique du Monde en 280 pages. Pour ceux qui ne sont pas
familiers de l’économie, c’est un excellent ouvrage d’initiation, et pour les
autres, c’est une mise en perspective convaincante. Tout cela dans un style
simple et clair.
L’auteur est plus à l’aise avec la période moderne – la
révolution industrielle, lumineusement expliquée, le terrible XXème siècle -,
qu’avec l’antiquité – je trouve un peu légers ses développements sur la Grèce
et Rome – et les civilisations orientales, la Chine classique notamment. Cela
tient sans doute au fait que l’économie n’explique pas tout, et que l’auteur
est moins familier avec l’histoire des idées et de la spiritualité.
Mais pourquoi diable avoir appelé ce livre « La prospérité du vice » ?
Ce que nous dit l’auteur, c’est que le progrès technique a
libéré les hommes de la loi de Malthus, qui condamnait le revenu à stagner – ça,
c’est un bonheur - que le progrès économique ne va pas sans crises –
économiques et guerrières - et qu’il va falloir gérer la limite des ressources
naturelles. Où est le « vice » là dedans ? L’auteur a-t-il
craint d’être politiquement incorrect en rappelant que le progrès technique est
libérateur ?
Au passage une note de bas de page sidérante, p 123 :
elle montre que la « Théorie
générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » de Keynes (1936)
n’a été traduite en français qu’en 1942 : ça en dit long sur la nullité de
nos profs d’économie, avant bien sûr qu’Alfred Sauvy, Jean Marchal et Raymond Barre ne relèvent notre niveau.
Albin
Michel, 19 €