Ahah, un mot mystérieux.....
Je lis beaucoup, Claude aussi, mais jamais encore nous n'avions rencontré ce mot dans nos lectures. Point de trace non plus chez Philippe Dupuis, Vincent Labbé ou Louis Morand, distingués rédacteurs des grilles de mots croisés du Monde et du Figaro... Si quelqu'un d'entre vous l'a déjà rencontré, dites-le-moi, sinon, vous aurez succès garanti en l'employant dans les diners en ville...Ah AH.....
En voici la définition :
L'ahah est un événement dans un jardin, un artifice visuel, un fossé creusé entre le jardin et le paysage alentour, une petite douve destinée à empêcher le bétail de franchir la limite séparant les
prairies du parc ou de la pelouse, il n’empêche pas le regard
d’embrasser le paysage, il n’y a alors plus de coupure entre le jardin
lieu privé et le paysage espace public.
Ce sont les visiteurs du jardin qui, surpris par ce fossé non visible de
la maison, s’expriment en cette interjection ahah devenue un terme du
paysagisme (parfois orthographié haha).
Citons Horace Walpole, amateur averti et auteur d’un essai sur l’art du jardin (anglais, of course) : les premiers agents du changement furent les «architectes-jardiniers» Charles Bridgeman et William Kent: le premier parce qu’il bannit des jardins la sculpture sur arbres et la symétrie absolue qui gouvernait l’espace ; le second, surtout, parce qu’il inventa, ou du moins fut, semble-t-il, le premier à utiliser le haha ! Les clôtures des jardins anciens, les murs ou haies vives qui séparaient les propriétés les unes des autres, réduisaient l’espace, interdisaient les vastes perspectives, enfermaient les propriétaires dans leurs terres. Les fossés que leur substitua Kent présentaient l’avantage pratique de tenir le bétail à distance – et celui, essentiel, d’ouvrir le paysage sur l’horizon. Le promeneur, parvenu à la limite extrême de la propriété, mais dont le regard allait bien au-delà, ne pouvait, semble-t-il, s’empêcher d’émettre une exclamation de surprise incrédule – et Ha! Ha! fut dans toutes les bouches."
Kent, conclut Walpole, sauta l’obstacle des clôtures et comprit que la nature tout entière était jardin.