INVICTUS, de Clint Eastwood
Peut-être parce que je n'y connais pas grand chose en rugby et que j'ignorais même le sort du dernier match de la Coupe du Monde 1995, j'ai vibré totalement, d'un bout à l'autre de ce film. Bien sur, le scénario compte peu, puisque c'est une histoire d'équipe à laquelle personne ne donnerait deux sous et qui emporte le trophée à la fin (on aurait pu faire le même trip pour l'équipe de France de foot)... Cependant, l'idée de voir l'histoire à travers le prisme des responsables de la sécurité du Président, accueillant avec une réticence bien comprise pour des anciens de l'ANC un renfort d'hommes de race blanche pour protéger le leader noir....Le contexte historique, la tension incroyable qui règne entre les deux communautés au début, l'incroyable leçon de leadership donnée par Mandela au jeune capitaine François Pineaar....Voici une leçon de clairvoyance politique exemplaire.
C'est du pur mélo, je le concède, mais qu'est-ce qu'on marche ! On court, on pleure, on danse sur son fauteuil !
Des esprits chagrins vous diront que ce n'est pas tout à fait du niveau de Gran Torino ou de Million Dollar baby. Mouais....nous, tous les deux avec Claude, on a pleuré d'un bout à l'autre du film, on en a aimé le rythme, la musique...
Morgan Freeman EST Mandela, il l'habite, il est plus vrai que le vrai, Mat Damon bien meilleur que dans The Informant, incarne la prise de conscience si ce n'est d'une nation unie, du moins de la dimension hors du commun du personnage Nelson Mandela.
Clint Eastwood nous donne à voir et surtout à entendre le sport. Les bruits des rugbymen soutenant la mêlée, les vaporisations de sueur accompagnant les placages de Jonas Lumu, le géant Néo-Zélandais, c'est nous mettre au coeur d'un combat pour la survie.
Ne soyons pas angéliques : ce n'est qu'un moment de grâce intervenu à une période clef de la prise de pouvoir de Mandela, et auquel il eut la sagesse de porter une attention particulière. Une leçon de pardon des offenses que seul un chef de clan tel que lui pouvait donner en mettant en avant une équipe synonyme d'apartheid pour la faire supporter par 43 millions de Sud-Africains.
Un excellent film, plein d'émotion et d'espérance.