Une vie avec ALIX L'INTREPIDE
Je reviens ce matin vous parler de la récente disparition d'un des écrivains qui m'ont apporté énormément en termes de culture générale et de plaisir de lire : le créateur de bandes dessinées Jacques Martin (1921-2010), pilier de l'école de Bruxelles avec Georges Rémi - HERGE, Bob de Moor et Edouard P. Jacobs, père de Blake et Mortimer.
Je suis en effet à peine plus âgée que son jeune héros gallo-romain, puisque celui-ci fut créé en 1948 dans les pages du journal de Tintin, et que le premier album relié - Alix l'intrépide - fut publié en 1956, j'avais alors 10 ans.
C'est cependant plus tard que je me suis passionnée par les aventures d'un jeune beau blond personnifiant l'intégration et l'adoption des valeurs morales élevées de l'Empire romain.
Alix est en effet le fils d'un chef gaulois nommé Astorix (bien avant la création d'Astérix par René Goscinny). Emmené en esclavage à Khorsabad, il est libéré par Honorus Galba, patricien et général romain qui l'adopte.
Chacune de ses aventures se déroule dans un cadre historique et géographique qui fait rêver et permettent au jeune (ou moins jeune) lecteur d'apprendre une foule de faits et de légendes aussi.
J. Martin est tenu pour le chef de file de la bande dessinée historique.
Ses reconstitutions sont d'une précision infinie, fondées sur une profonde documentation. Ah, si je pouvais, un jour, aller visiter le royaume Parthe....
J'ai une tendresse particulière pour certains albums : le premier qui me soit tombé entre les mains est "La griffe Noire", que je place à égalité avec "La marque Jaune" d'E.P. Jacobs (Est-ce un hasard ?), "le Sphinx d'or" où Alix rencontre Enak, La tiare d'Oribal, "L'enfant grec", "Ô Alexandrie". Presque toute la série est disponible au Calfour pour une relecture qui signifie pour moi le vrai temps des vacances.
J'ai aussi en vision intérieure les personnages : les traitres (Arbacès), les bons comme le fidèle Galba, le géant .....
Contrairement à Hergé qui estimait que Tintin ne pourrait lui survivre, les aventures d'Alix continueront après la disparition de leur créateur : les collaborateurs écriront de nouveaux scénarios et créeront les planches nécessaires comme ils ont déjà pris avec art la suite des albums : Rafael Moralès, Christophe Simon (en bas à gauche), Patrick Weber...et continueront à faire évoluer les traits du héros à l'éternelle crinière d'or, dont le visage n'était pas bien attrayant dans les premiers numéros.....
Jacques Martin a créé d'autres personnages : Guy Lefranc en 1952, Jhen, Loïs...Mais rien ne remplace à mes yeux Alix, c'est une partie d'enfance que je garde bien précieusement dans mon âme. Reposez en paix, Monsieur Martin, on ne vous oubliera pas de sitôt !