Comment faire la différence entre le talent et le génie ?

C'est peut-être le fil directeur de ce film qui s'attache à décrire la querelle opposant, à la veille de la Révolution de 1848, le génial auteur des Trois Mousquetaires, La Reine Margot et Le Comte de Monte-Cristo et son "nègre" littéraire, l'ex-professeur d'histoire Auguste Maquet. Tout le monde sait qu'Alexandre Dumas avait des collaborateurs, en particulier Auguste Maquet, qui fit preuve de talent. Mais tout de même .....

Voici un film bien léché dans ses moindres détails, à la manière d'un film de la série "Du côté de Maupassant" chère à Eddy Mitchell, ou de Josée Dayan. Toutefois, l'intrigue imaginée par le scénariste, si elle se veut "à la manière de Dumas", est totalement plate. On ne marche pas un instant. Le seul gag, c'est que le rôle du directeur de la prison de Sainte Pélagie est l'acteur Roger Dumas....

Le plaisir - car le film se laisse voir, mais il fera bientôt les délices d'une soirée télé - réside dans le casting : les femmes en particulier.

A Dominique Blanc la palme, comme en son temps dans "Milou en mai "(ma référence absolue) ou dans l'Allée du Roi. Juste, belle, vibrante. J'ai encore plus adoré la très rare Catherine Mouchet, dans le rôle de Madame Maquet, une bourgeoise qui élève ses nombreux enfants, couve son mari et voudrait tant s'amuser un peu....La belle Mélanie Thierry aussi, dans le rôle de la jeunes première révolutionnaire et naïve.


Quant au duel Depardieu-Poelvoorde, c'est ce dernier qui nous surprend. Une retenue et une timidité qui devient agressive, celle d'un "mou" qui soudain devient enragé.
Depardieu joue toujours Depardieu.
Il nous apparaît plutôt sympathique, brutal et débonnaire, mais ne nous livre pas un rôle de composition. Une controverse fait de ce film un brulot raciste, la thèse scinique du film étant que Dumas, qui descendait d'esclaves haïtiens, n'avait rien écrit et ne méritait pas la notoriété qu'on lui connait, et que toutes les louanges auraient dues être attribuées à Maquet. Un film anti-noir en somme.

C'est vrai que le teint de Depardieu est bien clair mais personne ne penche en faveur de ce pauvre Maquet, gratte-papier pleutre et fourbe au point, dans un instant d'égarement, de se faire passer pour Dumas auprès d'une jeune fille....

Si de jeunes spectateurs saisissent l'occasion pour lire les livres géniaux, écrits à quatre mains sans doute mais qu'importe ! ...Ce film aura été utile !