Noms d’oiseaux, l’insulte en politique de la Restauration à nos jours
D’une plume alerte et élégante, Thomas Bouchet nous fait voyager dans les fureurs de l’Hémicycle, depuis la curieuse colère des ultras de 1823 contre leur collègue libéral de gauche Manuel – tiens, malgré le suffrage censitaire très haut, il y avait tout de même quelques députés de gauche dans la Chambre introuvable ? - jusqu’aux ignobles attaques dirigées contre Simone Veil en 1974.
On y voit des députés de droite et de gauche perdre
leurs nerfs et leur éducation, tels les antidreyfusards aveuglés par la haine
contre Jaurès, Xavier Vallat regrettant que « ce vieux pays gallo-romain
soit désormais gouverné par un juif » ou les communistes de 1947 traitant
de « boches » Robert Schuman, lorrain interné par les Nazis en 1941,
et son ministre de l’Intérieur Jules Moch, juif lui aussi, deux ans seulement
après la découverte d’Auschwitz.
Au passage, pour revenir sur une polémique fraiche, je note
cette affreuse invective de Le Pen, alors député poujadiste, à Pierre Mendès
France : « vous cristallisez sur votre personne un certain nombre de
répulsions patriotiques et presque physiques ». Comme disait Jean Pierre
Raffarin « Ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? ». Les
humoristes ont le droit de tout dire, mais les citoyens ont le droit de leur
dire qu’ils déraillent avec le délit de sale gueule.
Stock, 305 pages, 18,50€