J'ai acheté ce recueil à la foire aux livres de Villefranche de Périgord. Un monument et une foule de souvenirs pour moi. La Semaine de Suzette, fondée en 1905, juste après la séparation de l'Eglise et de l'Etat par Henri Gautier, compta plus de 1800 numéros jusqu'en 1960 avec une interruption de 6 ans pendant la guerre. Son créateur la définissait comme un "complément récréatif d'une éducation religieuse et intelligente"...Tout un programme !

J'y ai découvert une mine d'histoires à raconter à mes petits-enfants, avant de les coucher....ce que je ne faisais jamais pour les filles, me contentant de leur laisser la lumière encore un quart d'heure, à la condition de lire un livre (Quelle mauvaise mère !)

Un recueil de numéros de "La Semaine de Suzette", celui du deuxième semestre de l'année 1948 ! C'était déjà la 39ème année de parution ce cet hebdomadaire pour petites filles bien élevées, avec des contes, des romans en feuilleton, des modèles de tricot et les patrons pour les habits de la poupée Bleuette...(on m'a raconté que, petite, j'avais cassé la poupée de porcelaine de ma soeur..), de jolies illustrations aussi, de celles qui laissent une trace indélébile puisque je m'en souviens encore.

Lorsque je vois mes petites-filles, et plus particulièrement Romane et Camille, inventer des scénarii avec les Barbies, en des jeux sans fin, je me dis qu'il y a tout de même, en dehors de toute acculturation, des constantes, et que l'"éternel féminin" se forge dès la plus tendre enfance.

En 1948, j'avais 2 ans. C'est donc à ma grande soeur, de 7 ans plus âgée, que cette publication s'adressait. Je l'ai découverte plus tard, à la maison, mais j'en ai des souvenirs très précis. Je me suis replongée avec délices dans la lecture de certains articles, bien entendu, totalement bien pensants et tout à fait démodés. Il n'empêche....on favorisait la lecture, on n'avait rien d'autre à proposer aux petites filles que d'être élégantes, elles et leurs poupées, généreuses, courageuses, modestes, fortes dans l'adversité - puisque les petites lectrices venaient de traverser la guerre.

C'était bien rédigé, intéressant, avec des rubriques malines ...Nos enfants saturés de jeux vidéo et de dessins animés japonisants perdent peu à peu le goût de lire. Quel dommage !