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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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13 septembre 2011

La joie et la mort, bilan d'une vie par Alfred Grosser

La critique de Claude :

GrosserQuel bonheur que cet ouvrage d’Alfred GROSSER (né en 1925), qui nous livre sa recette du bonheur (ou plutôt de « la joie » dans son vocabulaire) : aimer son prochain, c'est-à-dire tout interlocuteur, chercher à le comprendre, même si d’autres le rejettent. Il écrit ainsi : « pour moi, la valeur fondamentale est la compréhension et la vraie compassion pour la souffrance de l’Autre ».

Certains y reconnaitront la joie du chrétien, mais le Professeur est athée, n’ayant pu se résoudre à croire au Dieu unique de l’ancien et du nouveau Testaments. Il est vrai qu’il est entouré de prêtres, rabbins et pasteurs, qui trouvent en lui un frère laïc, et un pont entre les croyances et l’incroyance.  

Joie et bienveillance  n’excluent pas la colère, par exemple devant la pression accrue de la pauvreté et des inégalités, ou l’agacement devant les vanités parisiennes (« la foire sur la place », qui  vaut aux « crâneurs » et aux tenants de la culture absconse quelques coups de griffe savoureux). Mais au total, le Professeur cherche à comprendre, et finit toujours par créditer son interlocuteur d’une part de vérité. Dès lors, le dialogue s’engage, et la paix des esprits progresse.

Il a commencé tôt à pardonner et à aimer : fils d’un médecin juif de Francfort réfugié en France en 1933, et qui n’a pas supporté l’exil, il a dû avec sa mère se cacher dans le Var de 40 à 44. Jeune agrégé d’allemand, il a, en 1948, contribué à la création du Comité français d’échanges avec l’Allemagne nouvelle, c'est-à-dire organisé la réconciliation concrète des jeunes allemands et français, trois ans seulement après la découverte de la Shoah.

Au carrefour de deux cultures, il a passé sa vie à faire comprendre l’Allemagne aux Français et la France aux Allemands. Professeur et chercheur à Sciences Pô, de 1956 jusqu’ à sa retraite en 1991 (et au-delà), ses cours et ses séminaires nous donnaient des explications simples et lumineuses. Les lecteurs du Monde, qu’au passage il égratigne pour sa mauvaise foi, de Ouest-France, de la Croix, les auditeurs de ses conférences en Allemagne, ont eu le même privilège de comprendre les réalités des deux partenaires européens.

Ce livre va très au-delà des souvenirs : c’est un guide humaniste, très utile dans ce moment de tempête morale et politique.  

 

La joie et la mort - Bilan d’une vie édité aux Presses de la Renaissance, 334 p, 21 €

Mon petit grain de sel : Claude et moi avons eu le bonheur de suivre les enseignements passionnants d'Alfred Grosser lorsque nous étions élèves de l'Institut d'Etudes Politiques. Nous n'oublierons jamais sa clarté et son humour.

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