21 mai 2012
De rouille et d'os, film de Jacques Audiard
Il y avait longtemps que je ne m’étais pas demandée si je n’allais pas subitement quitter la salle. Non pas que le film fut mauvais, surtout pas, mais tellement violent, tellement triste …. Presque insupportable.
Et il ne s’agit pourtant que la violence quotidienne, celle de la misère, celle qui frappe les plus fragiles : la séparation, la solitude, l’accident qui brise une vie, la perte d'un emploi, la précarité affective d’une vie d’enfant.
Alors, attendez vous à recevoir un magistral coup de poing dans l’estomac, à voir éclater virtuellement vos dents et gicler votre sang comme le héros au sourire si doux, Ali, qui vient à Antibes se réfugier chez sa sœur (toujours juste et sensible Corinne Masiero, dans un nouveau rôle à la Louise Wimmer), après une séparation, qui débarque sans un sou, sans travail mais avec son petit garçon de cinq ans, Sam. Le vrai héros craquant de cette histoire.
Sam, c’est tout à fait le gabarit, les mimiques de mon petit Hugo, la même coupe de cheveux, les mêmes réactions. C’est pourquoi je n’ai pas supporté qu’il soit malheureux …
Elle, la belle Marion Cotillard, est Stéphanie. Elle dompte les orques au Marineland. Une étoile inaccessible mais qui va connaître un horrible accident du travail, perdre ses deux jambes. Elle est forte et surtout, elle rencontre Ali (Matthias Schoenaerts, plus qu'excellent), une boule de muscles au regard doux, brut de décoffrage, mais qui a tant d’amour à donner, sans compter. De l’amour physique, pour prouver à Stéphanie que « tout fonctionne encore », mais pas seulement.
Le film de Jacques Audiard est à la fois dur et poétique, brutal et léger. Une écriture cinématographique heurtée et qui vous « prend aux tripes », aux décors d’une réalité effrayante. Oui, la misère invisible, c’est ça. La précarité des employés, la dureté du temps présent, c’est ça. Mais aussi la solidarité sans calcul, comme la prise de risque sans contrôle.
Un film superbe, qui vous colle à la peau, vous poursuit dans votre sommeil, qui fait penser à l'extraordinaire roman de Gérard Mordillat « Les vivants et les morts », lu voici cinq ans et que j’avais reçu aussi comme un choc. Alors, si vous avez le cœur bien accroché, et si vous faites provision de mouchoirs, vous pouvez aller voir ce film ….
Commentaires
Bonjour marie Pierre,
Non je ne me sens pas l'âme d'aller voir un tel film. J'ai vu des extraits hier à la télévision et ma décision a vite été prise..j'ai du mal déjà à entendre des paroles de violence, mais VOIR DE TELLES SCENES..NON ET NON .
Vous avez été courageuse de rester jusqu'au bout dans la salle..DECOUVERTE...
Bonjour à vous,
Je découvre votre blog en effet aujourd'hui grâce à un autre blog (ce qui est logique puisque je ne vous connais pas) "La maison de Marthe-Marie"
Votre billet sur le film "de rouille et d'os" m'a donné envie d'aller le voir, même si j'ai un peu peur d'avoir "mal", mais c encore mieux d'être prévenu, je prendrai donc les paquets de kleenex car j'ai la larme facile... et je peux vite déborder, et surtout avoir honte d'avoir des yeux de lapins albinos à la sortie de la séance... Mais bon ça fait aussi du bien de pleurer que de rire, on évacue les toxines... Pour ma part je suis en Bretagne, dans le Morbihan, au vu de vos différents posts concernant des visites de Musée, j'en déduis que vous vivez à Paris...
Je vous souhaite donc une belle journée si vous visitez votre blog aujourd'hui...
Cordialement
Tout à fait d'accord avec vous, j'ai vu ce magnifique film hier soir mais j'ai bien failli quitter la salle tellement il me prenait "aux tripes". A plusieurs reprises, j'ai détourné mon regard des scènes de "violence"....
Mais superbement interprété.......