C'est la guerre, bon sang !
Hier soir, je regardais les informations … Et j’ai été frappée, scandalisée par le ton relativement indifférent des commentateurs, pire, des blagues d’après le 20 heures. Entre deux coupures de pub, ils faisaient tous comme si …. rien ne se passait, sous prétexte que c’est loin ... A vrai dire, c'était un peu la même chose pour l'Afghanistan, le danger était au moins aussi grand ...
Et on nous parle de révision constitutionnelle avant l’été, pour réglementer le non-cumul des mandats, de loi ouvrant le mariage à tous les couples … Dérisoire ! Car aujourd’hui, c’est la guerre. Et ce sont nos soldats qui vont au corps à corps. Ils disent qu’ils vont aller chercher leurs adversaires « à la fourchette à escargot ». Mais tout le monde sait que lorsqu’il s’agit de guérilla, les armées conventionnelles sont peu adaptées. Ce sera un conflit douloureux, long et compliqué. Nul ne sait comment la France en sortira.
Ou alors, on ne nous dit pas tout. C’est ce que j’espère, en tous cas. Car il est inutile d’alerter l’ennemi. Bref, nous sommes en guerre, et tout le monde considère que c’est uniquement une affaire de militaires. Ils sont payés pour ça, n’est-ce pas ? C’est un métier qu’ils ont choisi …
Eh bien moi, je pense aux familles de toutes les personnes impliquées, et aux inévitables victimes de ce conflit : de jeunes hommes entraînés, les otages retenus depuis plusieurs années et dont la vie ne tient plus qu’à un fil ténu, aux employés de l’installation pétrolière actuellement doublement encerclés : et par les preneurs d'otages et par l’armée algérienne, les populations civiles réfugiées dans des camps auprès du pays le plus pauvre de l’Afrique. On devrait tous penser très fort à eux, à leurs familles angoissées. Pris entre deux feux, expatriés en territoire hostile pour leur travail, pour leur famille, fuyant l’horreur des combats, la coercition, les mutilations …
Pour moi, le Mali, c’était jusqu’ici les merveilleux livres d’Amadou Hampaté Bâ, le Ségou de Maryse Condé, la sagesse des griots, des chefs coutumiers, les confréries, les paysages sauvages, une culture ancestrale si méconnue… Aujourd’hui, c’est la résurgence de l’antagonisme séculaire entre les hommes du désert et les hommes de la savane, l’irruption de la violence en pays d’Islam, les soldats perdus financés par le trafic de drogue et des armes …
Et ici, l’indifférence, jusqu’à ce que les cérémonies d’hommage à nos morts succèdent aux Invalides à celle offerte au héros Damien Boiteux, le premier mort de cette guerre, car il y en aura nécessairement d’autres.
Je ne remets pas en cause la nécessité de l’intervention de nos armées. Cependant, je ne puis m’empêcher de penser : quelle tristesse !