01 avril 2013
Les amants passagers, film de Pedro Almodovar
Il n’y a que Pedro Almodovar qui puisse se moquer avec autant de tendresse des homosexuels, un peu comme Woody Allen pratique l’humour juif ….
Dix-neuvième long-métrage de Pedro Almodovar, ce film n’est sans doute pas sa meilleure production mais ne mérite pas non plus les critiques désastreuses lues dans la presse. J’y ai retrouvé l’ambiance musicale, les couleurs, le choix des acteurs, de nouveaux visages mais qui ressemblent beaucoup aux personnages habituels de l’auteur comme Bruna la voyante, incarnée par Lola Duenas qui ressemble beaucoup à Carmen Maura...
Et puis, il faut bien le dire, il y est surtout question de sexe : un sexe omniprésent, gay, hétéro et bi. Dans un avion en détresse où les passagers se préparent à un atterrissage d’urgence, les hommes et les femmes se lâchent !
Seuls les passagers de la classe affaires – un tueur à gages mexicain, une voyante vierge encore et qui s’en désespère, un couple en voyage de noces, un acteur briseur de cœurs, un affairiste chauve à la recherche de sa fille et une patronne d’agence de call-girls dominatrices – et une partie de l’équipage – trois stewards gays, un pilote bi et un autre en plein doute sur sa sexualité – sont conscients de la situation. Ceux de la classe économique ont été drogués et sont profondément endormis
L’avion tourne en rond en attente d’une piste capable de l’accueillir en catastrophe. Pendant ce temps, les stewards s’efforcent de divertir les passagers de la classe affaires: une scène d’anthologie est la chorégraphie des trois stewards fofolles sur « I’m so excited » de The Pointer Sisters, ils leur font boire de l’alcool et de la mescaline …
Le scénario est relativement simpliste, mais on rit de bon cœur. Ce qui est dommage, c’est qu’il y ait si peu de passagers et donc si peu d’histoires à raconter, comme il est d’usage dans ce genre de films (souvenons-nous du mythique Airport de George Seaton).
Le film manque de rythme, de densité.
Almodovar vieillit, il ne retrouve pas la verve de sa jeunesse, la crise économique a fusillé la Movida …
Tragi-comédie.
N´as tu pas pensé que si l´on ne voit que quelques passagers de la classe-affaires, c´est que ceux de la classe touristes ont été narcotisés, invités dès le décollage par les hôtesses souriantes ( mais tyranniques) à siroter une boisson contenant un puissant somnifère. C´est le gros des passagers, clases moyennes manipulables à l´extrème dès qu´on peut leur offir du " gratuit" et du rassurant. Quant aux autres, les passagers "affaires" peut-être arrivent-ils à ne plus marcher dans les clous, comme tout le monde, mais ils ont perdu tout contrôle, pudeur et mesure. Le message est dûr car on passe tous à la casserole, mais la comedie permet toutes ces piques sans que le spectateur ne se sente trop visé!