La critique de Claude :

Pour fêter le 60 ème anniversaire des James Bond de Ian Fleming, leur éditeur a demandė à William Boyd d'écrire un James Bond.

Fervent et constant admirateur de Boyd, je ne peux pas dire que le pari soit réussi. L'histoire est assez plate et prévisible, infiniment moins audacieuse que les originaux de Fleming.

On se souvient que celui-ci, réserviste de la Marine, lui-même pratiquant de la science de l'espionnage, avait répondu à une sollicitation des Services britanniques pour populariser un maître espion sous l'Union Jack, dans la bataille psychologique de la Guerre froide. Rapide, entraîné à l'extrême, Bond saute entre deux trains, descend des pentes vertigineuses, renverse tous les obstacles pour faire triompher les armes de Sa Majesté.

Au contraire, le Bond d'aujourd'hui est flapi, et ne croit plus à grand´chose, un peu comme les héros de John Le Carré, écœurés par le capitalisme débridé. Les cicatrices qu'il porte semblent symboliser des blessures intérieures.

Surtout, Boyd est un grand écrivain quand il exploite sa veine préférée : raconter l'histoire d'un être jeune, intelligent et sensible, broyé par la grande machine des Imbéciles, notamment militaires ou barbouzes. ( La vie aux aguets, ou le dernier roman, extraordinaire, L' attente de l'aube) ; ici, Boyd ne peut pas travailler librement, et ça se voit : au total, pas besoin de se précipiter sur ce James Bond nouveau, pas encore traduit en français.

Solo, roman de William Boyd d'après le personnage créé par Ian Fleming, en anglais, éditions Jonathan Cafe, Londres