24 août 2014
Saint Barthélemy, rien appris, rien oublié !
24 août 1572 : souvenons-nous du premier massacre politique perpétré à Paris puis dans plusieurs villes françaises, hommes, femmes, enfants … parce qu’ils pratiquaient la religion « prétendue réformée » et représentaient un risque dans la perspective d’un conflit entre la France et l’Espagne catholique.
A l’heure où les journaux télévisés nous abreuvent d’images plus cruelles les unes que les autres, souvenons-nous qu’il y a moins de 500 ans, dans un pays riche, cultivé, raffiné, dirigé par un pouvoir fort, plusieurs guerres de religion se déroulèrent qui connurent leur point culminant à l’occasion des noces de Marguerite de France et d’Henri de Navarre. Un mariage sensible, fruit de la volonté de la reine Catherine de Médicis de prôner l’apaisement entre catholiques et protestants, une forme de tolérance, malgré l’opposition du Pape.
Mais une trêve fragile, un contexte politico-religieux tendu à l’extrême, en présence d’ultras prêts à tout : les Guise attisant la colère du peuple. Qui attaque l’amiral Gaspard de Coligny, le leader des Protestants, le blessant au bras ? Qui donne l’ordre circonstanciel de profiter de la présence simultanée d’une cinquantaine de chefs protestants à Paris pour décapiter leur parti … comment cette opération de commando dégénère en massacre aveugle, qui déborde dans les grandes villes ?
Combien de victimes : les historiens les plus pessimistes estiment leur nombre à 30 000. Un nombre considérable à l’échelle de la France du XVIème siècle. Combien d’exilés, de familles d’intellectuels ou d’artisans parfaitement formés, dans cette première vague d’appauvrissement de nos compétences avant la grande évasion de la Révocation de l’Edit de Nantes ?
Alors, rappelons-nous nos propres intolérances religieuses et politiques, avant de juger de ce qui se passe non loin de nous, avec autant ou plus de férocité encore. La violence est ancrée au fond de tout homme qui pense avoir raison et veut l’imposer à son voisin. Ni la culture, ni la foi ne la tempèrent, bien au contraire … C’est affligeant !
Et oublions pour une fois la littérature et le cinéma (Dumas, Chéreau) qui nous ont mis en tête des personnages fictifs très éloignés de ce que les historiens savent aujourd'hui de la réalité des comportements de chaque protagoniste....
N.D.L.R : ceci est le 5000ème message contenu dans ce blog ouvert en octobre 2007 !
Commentaires
St Barthélémy
Analyse intéressante ..( et intéressée d'autant plus que je suis protestante )
La Saint- Barthélémy est devenue le symbole du fanatisme ..Actuellement , certains nous rappellent que nous n'avons pas de leçons à donner quand nous condamnons le terrorisme . C'est un peu facile ! Je pense que l'on ne peut comparer que des époques identiques dans le temps . Nous avons fait des progrès énormes pour la tolérance en Occident depuis 1572 ..
Vous connaissez sans doute ce tableau du massacre de la Saint Barthélemy de François Dubois (1529-1584), rescapé de la tuerie alors que toute sa famille protestante s’est fait assassiner par les catholiques.
http://www.magnard.fr/ressources/9782210104037/C08_art117.swf
Félicitations pour le 10 000ème article.Fanatisme égale mort .... L'humanité n'a pas progressé depuis des siècles, même parmi des populations dites civilisées. Difficile de rester optimistes, et pourtant il le faut.
Le tableau de F´ Dubois est systématiquement reproduit lorsqu'on évoque la St Barthélemy, ce pourquoi j'en ai cherché d'autres !
Où est la tolérance aujourd'hui ?
Bravo pour ce commentaire, et pour tous les autres également ! Merci pour votre blog que je lis (presque) quotidiennement, et bonne route vers le 10 000 ème article...