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16 octobre 2016

La peinture américaine des années 30, au musée de l'Orangerie

 

newyork-movie 

 

J’avoue qu’à l’exception d’Edward Hopper, j’ignorais tout de la peinture américaine de l’entre-deux-guerres. Cette rétrospective ouvre des perspectives inattendues. Enfin, à part quelques exceptions notables – en particulier les tableaux de Grant Wood – dont l’énigmatique « American Gothic » mis en lumière sur l’affiche, qui fait penser aux peintres flamands de la Renaissance –  ces peintres ne méritaient peut-être pas tous de faire le voyage jusqu’à Paris … Oups !

 

affiche

C’est surtout le contexte historique et économique qui émerge : l’introduction chronologique, aussi concise que précise, nous rappelle opportunément les conséquences de la crise de 1929 (des événements que nous risquons peut-être d’éprouver un de ces jours ?) : la ruine soudaine des spéculateurs, l’effondrement des institutions financières avec la cessation de paiements de l’Allemagne qui va « mondialiser » le krach, les surplus agricole après les fortes récoltes réalisées pour être expédiées dans les pays  en guerre… Toute cette époque de chômage massif avec, malgré la mise  en place exceptionnelle de mesures de relance du New Deal de F.D. Roosevelt – y compris dans le secteur des commandes artistiques -  des épisodes de replongée de l’emploi …

filles de la révulution

Notre connaissance intuitive de la culture américaine des années 30 est plutôt axée sur les films de Franck Capra comme « Mr. Smith au Sénat », « Les raisins de la colère » de John Ford que l’on nous obligeait à voir au cinéclub de notre lycée, les premiers dessins animés de Walt Disney comme Blanche Neige et Fantasia, le Magicien d’Oz de Victor Fleming, qui sont évoqués en fin de parcours …

En Europe, durant cette même période et après les horreurs des tranchées, « fleurit » l’expressionnisme allemand d’Otto Dix, le mouvement « der blaue Ritter », le surréalisme -  peu présent ici (sauf le double portrait of the Artist in Time d’Helen Luneberg. En Amérique, c’est plutôt une peinture d’un grand classicisme, très figuratif. Une seule toile abstraite : le « New York Paris n°3 »  de Stuart Davis, montré dans la première salle …

 

waltkuhn

Car les références aux maîtres européens affleurent : le portrait de l’artiste en clown de Walt Kuhn évoque Picasso, tout comme, dans un tout autre style, Bombardement de Philip Guston en référence à Guernica mais dans le style de Raphaël, un peu plus loin, on se croirait devant un tableau d’Edouardo de Chirico.

La visite s’impose cependant pour les deux toiles d’Edward Hopper : New York Movie (1939) et Gas (1940), avec le contraste de lumière et la mélancolie calmement colorée, et puis la découverte de Grant Wood, au-delà de son célébrissime double portrait de paysans avec leur fourche, pour la première fois exposé à Paris. Ses paysages agricoles, son évocation de la guerre d’indépendance (Daughters of Revolution) se distinguent de l’ensemble.

 

americanjustice

Cette période troublée, celle de la fin de la prohibition et de la fête populaire mais aussi des exactions du Klan (American Justice de Joe Jones), des marathons de danse (en référence au roman d’Horace McCoy « On achève bien les chevaux ») va prendre fin avec la seconde guerre mondiale.

 

Gas

 

Au lendemain de la guerre, l’art américain va s’extraire de ses racines et exploser avec, notamment, Jackson Pollock, le Pop Art … et toujours Hopper (dont je suis toujours aussi fan !)

 

 

La peinture américaine des années 1930, « The Age of Anxiety » – musée de l’Orangerie, tous les jours sauf le mardi à partir de 9 h.

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