Dernier épisode en date des aventures de Lucky Luke, le cow-boy solitaire cependant toujours accompagné de Jolly Jumper.

Achdé (Hervé Darmenton) dessine depuis une quinzaine d’années le héros du Far-West créé par Morris, et cette fois, c’est le jeune Jul (Julien Berjaut, le créateur de « Silex and the city ») qui fait un délicieux clin d’œil à Goscinny, le scénariste fétiche de la série, qui n’avait pas imaginé une aventure mettant en scène une famille d’immigrants juifs … Discrétion ou pudeur d'une homme de sa génération sur ses origines ukrainiennes ?

Voici donc Lucky Luke convoyant la famille Stern et ses multiples impedimenta – en particulier des caisses de livres et une Thora ancienne destinée à la Bar Mitsva du jeune Yankel - à travers les plaines de l’Ouest, en la protégeant de mille embûches. L’exercice est piégeux : comment se moquer des particularismes religieux sans paraître condescendant ou railleur mal venu ?

Par l’humour, et juif, naturellement, avec les incessantes citations qui nous font sourire : Rabbi Jacob à plusieurs reprises, les juifs américains célèbres qui ont adopté un autre nom, les interdits alimentaires, le shabbat (y compris le fameux Shabbat Saloon), la yiddische mamé, le succès du jean 501 et jusqu’à Star Wars … Le plus drôle est sans doute la rencontre avec la tribu indienne des Pieds Noirs et leur tradition culinaire sépharade, qui serait peut-être la fameuse tribu perdue d’Israël ….

En fait, un hymne au respect des différences culturelles propres aux minorités et aux vertus de l’assimilation. Une quadrature du cercle tout à fait sympathique.

La terre promise, BD d’après Morris par Achdé (dessin) et Jul (scénario), édité par Lucky Comics, 48 p., 10,50€.