Bernard Buffet, rétrospective au musée d'Art moderne
Les personnes de notre génération se souviennent vaguement de l’artiste célèbre qui suscitait, dès les premières années 50, autant l’admiration et l’envie que la critique acerbe des «spécialistes » de l’art contemporain … Alors, pour les jeunes, qu'en reste-t-il aujourd'hui ?
Les gazettes, Paris-Match, la télévision ne manquaient pas de mettre en scène ce peintre devenu rapidement la coqueluche du Tout-Paris, élu à l’Académie des Beaux-Arts à l’âge de 46 ans, officier de la Légion d’honneur, qui vivait dans un château et roulait en Rolls … et qui inventa son propre style, résolument figuratif à l’époque où triomphait l’art abstrait, sans en varier durant toute sa carrière. Mais je n’avais jamais vu ni ses premières toiles – peintes avec peu de couleurs car la matière manque au sortir de la guerre – ni ses œuvres monumentales, marquées par une constante crudité, tristesse, noirceur …
Bernard Buffet (1928 – 1999) fut un artiste précoce. Admis à 16 ans à l’Ecole des Beaux-Arts, il travaille dans l'atelier d'Eugène Narbonne, où il rencontre Maurice Boitel.
Bernard Buffet expose pour la première fois un autoportrait en 1946. Tonalités sourdes, natures mortes dépouillées, nus anguleux aux corps étirés à l’extrême, crucifixions, signature démesurée …
Dès février 1955, la revue Connaissance des Arts le classe en tête des dix meilleurs peintres depuis la Libération. Il expose chaque année, produit beaucoup, joue le scandale avec des thèmes comme "Les horreurs de la guerre", « Les Oiseaux », "le cirque", les « Femmes déshabillées », « vacances en Vaucluse » où il apparaît à côté de son compagnon de l’époque Pierre Bergé, dans une nudité provocatrice.
C’est un peintre reconnu, même s’il est décrié : un mécène – Kichiro Okano - lui consacre un musée au Japon, on dit qu’il peint sans cesse la même chose, que c’est un peintre « commercial » … Les critiques le louent ou l’éreintent. Mais, ainsi qu’il le dit lui-même : « Il faut le faire ».
Un homme complexe, qui rencontre l’amour fou avec la splendide Annabel Schwob, mannequin égérie de Saint-Germain des Prés, épousée en décembre 1958 avec laquelle il aura trois enfants. Atteint de la maladie de Parkinson, il se donne la mort le 4 octobre 1999 en laissant une série de toiles sur le thème de la Mort …
L’exposition est classiquement chronologique, très bien expliquée, et pour moi, c’est une redécouverte, un choc en plein estomac, une façon de revenir sur des images faussées par les années et mon manque d’expérience.
Bernard Buffet, rétrospective, exposition au musée d’Art moderne de la Ville de Paris jusqu’au 26 février – 11 avenue du Président Wilson Paris 16 ème. Fermé le lundi, 12€.