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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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21 janvier 2017

Alsace-Lorraine : histoire d’un « pays perdu », de 1870 à nos jours par François Roth

La critique de Claude :

alsaceLorraine

Le 25 juin 2009, ce blog rendait compte d’un livre sur la guerre de 1870-71, écrit par François Roth, professeur à l’Université de Nancy. Cet ouvrage donnait une explication lumineuse de la défaite des Français souvent héroïques, mais mal équipés et mal commandés face à une armée prussienne très performante.

Ce livre sur l’Alsace-Lorraine constitue la suite du premier, la province ayant été cédée de force au nouvel Empire allemand, après la défaite militaire. Elle n’est redevenue française que le 11 novembre 1918. Cependant, de juin 1940, date de la seconde défaite française, au 8 mai 1945, conclusion de la seconde guerre mondiale, l’Alsace-Lorraine est une nouvelle fois repassée à l’Allemagne.

On imagine les déchirements de tous ordres qui ont fait souffrir les Alsaciens et Lorrains, et la complexité des sujets à traiter par leurs administrateurs, élus ou fonctionnaires.

En 1871, la Province est annexée à l’Empire allemand ; immédiatement, les Alsaciens et Lorrains mettent en cause la légitimité de cette annexion, qui n’a été précédée par aucune consultation populaire. Mais le principe du « droit des Peuples à disposer d’eux mêmes » n’est pas établi à cette époque (pas plus d’ailleurs en France qu’en Allemagne, comme va le montrer l’aventure coloniale de la fin du XIXème siècle). Conscient des risques de rejet, le Chancelier prussien Bismarck fait la sourde oreille.

Donc, ça commence mal : les Alsaciens-Lorrains accueillent mal les fonctionnaires allemands, tandis que les Français développent une intense protestation populaire ; on lira sur ce point « la dernière classe », émouvant « Conte du lundi » d’Alphonse Daudet.

Le Chancelier Bismarck n’est pas plus décidé à conférer à la Province une marge d’autonomie que permettrait le statut fédéral de l’Empire : l’Alsace-Lorraine reste un « Reichsland » administré par des généraux et des fonctionnaires impériaux. Au fil des années, et surtout après le renvoi de Bismarck (1890), l’Allemagne développera cependant des institutions composées d’élus (« Landtag »).

Par ailleurs les Allemands jouent la carte de l’ouverture, voire de la séduction : ainsi, ils favorisent la presse en allemand, mais n’interdisent pas la presse en français, s’efforcent d’éviter toute violence, et favorisent le progrès économique et social.

Les Alsaciens et Lorrains répondent poliment, mais sans chaleur, à cette politique ouverte. Ils sont d’ailleurs plus tournés vers le progrès économique que vers le débat  politique.  

Ils seront globalement heureux de redevenir Français en 1918, mais des tensions naitront des divergences accumulées entre France et Allemagne pendant les 47 années de rattachement à l’Allemagne. Ainsi, il faudra trancher sur l’application à la Province de la loi de 1905 sur la laïcité ou sur le maintien de la sécurité sociale (créée par Bismarck et inexistante en France en 1918). On note que les institutions allemandes ont bien résisté, les politiques français des années 20 ayant fait, comme les Allemands auparavant, le choix de la paix sociale !  

Des pages plus dramatiques complètent l’information du lecteur, celles qui portent sur la deuxième annexion, de juin 1940 à mai 1945 ; l’Alsace-Lorraine est riche des ressources dont les Nazis ont besoin pour la guerre. 130.000 jeunes hommes seront incorporés, dont 40.000 mourront sur le Front de l’Est. Un appareil répressif comptant pas moins de 7 camps est mis en place.

François Roth met à profit sa connaissance parfaite des institutions et des problèmes de l’Alsace-Lorraine pour aider ses lecteurs à comprendre. Malheureusement, cet ouvrage restera son dernier : il n’a pu y mettre la dernière main, puisqu’il nous a quittés en mai 2016 à la suite d’un accident de la route.

Alsace-Lorraine, histoire d'un "pays perdu", de 1870 à nos jours, essai de François Roth publié dans la cllection Texto (Tallandier), 224 p., 8,50€

 

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