07 mars 2017
L’intrépide chevauchée de Benjamin Disraeli, biographie de Charles Zorgbibe
La critique de Claude :
Charles Zorgbibe est un universitaire né en 1935, qui nous a donné de nombreuses biographies, comme celles de Metternich, Talleyrand, Wilson, Theodor Herzl, ainsi que des ouvrages sur les relations internationales et la construction européenne.
Ses recherches l’ont conduit vers l’un des grands acteurs de la vie internationale au XIXème siècle, le britannique Benjamin Disraeli, à plusieurs reprises Premier Ministre de Sa Majesté la Reine Victoria.
Pour ma part, j’ai lu cette biographie de Disraeli pour répondre à une lancinante question : comment, dans l’Angleterre fondamentalement raciste du XIXème siècle, un jeune Juif, au surplus non pourvu de titres universitaires (Oxford, Cambridge..), et dénué de fortune, a-t-il réussi à être élu député du Parti conservateur (tory), Ministre, Premier Ministre ou leader de l’Opposition ?
Une seule réponse : il est très fort, très politique, très manœuvrier et très ambitieux ; il sait se rendre indispensable.
J’avais une autre question, d’intérêt plus général : le Royaume Uni au XIXème siècle doit répondre à quelques questions fondamentales : l’évolution vers la démocratie, d’abord limitée par le caractère non universel du scrutin, puis de plus en plus ouverte, le libre-échange avec des droits protecteurs pour l’agriculture et l’industrie nationales, ou la protection des frontières (querelle des « Corn Laws »), le droit social, pour limiter les abus criants des industriels.
D’autres grandes questions affectent la politique extérieure de ce qui est à l’époque la première puissance mondiale : l’équilibre des nations européennes, que ne facilitent pas les tourments franco-russo-austro-turco-prussiens, la question coloniale (en Inde, en Egypte et, depuis sept siècles, en Irlande) .
J’ai pensé qu’une biographie de Disraeli traiterait ces questions centrales sur l’Angleterre du XIXème siècle. De ce point de vue, mon attente n’a pas été pleinement satisfaite, l’auteur ayant privilégié un mode chronologique, faisant grande place à la vocation littéraire du Premier Ministre, qui n’était sans doute pas son point fort.
Quoiqu’il en soit, ce livre est destiné à servir de référence dans les bibliothèques des enseignants chercheurs.