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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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6 mai 2017

Monarques, roman de Sébastien Rutés et Juan Hernandez Luna

 

Rutes 

Ce livre m’a été offert par une bonne amie, je l’ai donc lu avec attention, malgré son côté déroutant au début, puis avec un secret plaisir (il est à noter que le bandeau ajouté par l'éditeur n'a cependant aucun rapport avec le propos du roman ...) 

C’est le second ouvrage publié de ce jeune auteur – j’avais ben aimé sa « Mélancolie des corbeaux » - spécialiste de la littérature hispano-américaine, qu’il a co-écrit en très grande partie avec un auteur mexicain, malheureusement brusquement disparu avant la fin de cette épopée à quatre mains …  Je cite : « Quelle belle idée de faire dialoguer deux styles et deux cultures, de multiplier par deux les points de vue et les expériences, de renverser l’auteur-tyran pour le remplacer par un tandem démocratique où le dialogue et le pacte seraient préférés au diktat artistique. »

Tout commence par un roman épistolaire entre Augusto Solis, affichiste mexicain, qui écrit à sa maîtresse partie à Paris poursuivre sa carrière, la starlette Loreleï Lüger … Mais la belle a disparu et c’est le jeune Jules Daumier, saute-ruisseau au journal L’Humanité, qui habite maintenant – nous sommes à l’automne 1935 – l’appartement de Ménilmontant et ouvre finalement une missive. Jules, le titi communiste, va se mettre en quatre pour retrouver la trace de la belle allemande … et informer régulièrement celui qui devient ainsi, sans l’avoir jamais rencontré, un ami, un guide spirituel …

Mais l’aventure ne s’arrête pas en si bon chemin à travers l’Atlantique. Une foule de personnages hauts en couleurs, des catcheurs, le Vel’d’Hiv, un nain qui fait jouïr ses maîtresses avec des escargots, un manager américain, des espions nazis, la saga de la migration des papillons monarques … et surtout, une longue exégèse de l’influence de l’idéologie nazie dans l’œuvre de Walt Disney. Car Loreleï – nul ne connaîtra sa véritable identité – est le modèle de Blanche-Neige pour les expressions dramatiques et son rôle va bien plus loin.

Le roman se termine aussi par un échange épistolaire, numérique celui-là, la boucle du temps est ainsi bouclée entre les descendants des protagonistes, petits-enfants abandonnés qui n’ont jamais connu leurs aïeux autrement que par des lettres abandonnées.

Malgré l’invraisemblance poétique du propos, on est emporté par cette évocation décoiffante des mythes et de l’histoire contemporains, de la fuite du temps, du devoir de mémoire qui pousse chacun de nous à retrouver ses racines. Le style fluide et gorgé d’images de Sébastien Rutés, qui a repris la construction et l’écriture du roman après la disparition de son ami au point de devoir consulter ses notes pour savoir qui des deux écrivains a écrit tel ou tel passage, m’a séduite.

Un roman à recommander à tous ceux qui apprécient la littérature baroque comme l’est une cathédrale mexicaine.

 

Monarques, roman de Sébastien Rutés et Juan Hernandez Luna, publié chez Albin Michel, 376 p., 21,50€

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