14 juillet 2017
Le dernier coyote, thriller de Michael Connelly
Dans la série des romans consacrés à l’inspecteur Harry Bosch, celui-ci constitue un jalon incontournable pour comprendre les ressorts du personnage et la devise : « Tout le monde compte ou personne » qui anime sa passion de la vérité. Chronologiquement, il se situe entre « La blonde en béton » et « Le cadavre dans la Rolls »
Bosch a 44 ans. Toujours aussi ombrageux, il a fait passer son supérieur Pounds à travers une vitre de séparation de bureau. Naturellement, il se retrouve suspendu, arme, voiture de service et insigne retirés et obligation de suivi chez la psychologue chargée de l’aider à maîtriser son agressivité et qui doit donner son avis sur son éventuelle reprise de service au LAPD.
L’auteur nous livre ici une des clés essentielles pour la compréhension de l’homme derrière l’inspecteur Bosch : en référence à la trajectoire personnelle de l’autre écrivain célèbre des turpitudes de Los Angeles, James Ellroy (Le Dahlia noir, Perfidia, Ma part d’ombre), on y apprend que la mère de Harry, Marjorie Lowe, était une escort girl qui fut assassinée alors que Bosch avait 11 ans, et que ce crime n’a jamais été élucidé. Pendant sa mise à l’écart, Bosch va ressortir des archives ce « cold case » de plus de trente ans et tenter de comprendre qui et pourquoi on a tué sa mère alors que, justement, elle cherchait par tous les moyens à le faire sortir du foyer où les services sociaux l’avaient placé.
Patiemment, méticuleusement, Bosch remonte les pistes, retrouve certains des témoins de l’époque, cherche à savoir pourquoi l’enquête a été escamotée, pourquoi en particulier un jeune et fringuant procureur s’est quasiment mué en avocat de la défense du souteneur de sa mère, alors suspecté du meurtre. Plus de 30 ans après les faits, certains des protagonistes sont morts comme l’un des deux inspecteurs chargés de l’enquête mais son coéquipier en a gardé un très net souvenir.
Comme toujours, Harry Bosch va découvrir un mobile politique à l’étouffement de l’affaire. Et puis, qui se soucie encore de la disparition d’une jeune prostituée ? Sa meilleure amie de l’époque, avec laquelle elle partageait tout et qui a réussi à changer de vie, semble elle aussi avoir conservé le vif chagrin de sa coéquipière disparue.
Aux prises avec ses démons intérieurs, Harry Bosch va jusqu’en Floride pour suivre les maigres indices qu’il retrouve dans le dossier mal ficelé. Privé de son insigne du LAPD, son sésame, il ira jusqu’à subtiliser celui de son persécuteur, Pounds, pour s’introduire auprès d’un témoin de l’époque, un agent électoral influent. Mais quelques jours après, on retrouvera Pounds torturé à mort dans le coffre de sa voiture. Harry se sent responsable d’une mort atroce qui lui était destinée.
Ici encore, Harry Bosch joue les coyotes solitaires, comme celui qu’il voit de temps en temps sur la colline où sa maison a été violemment ébranlée par le dernier séisme. Le dernier coyote, n’est-ce pas lui ?
Le dernier coyote (The Last Coyote - 1995), thriller de Michael Connelly traduit par Jean Esch, aux éditions du Seuil et en édition Points, 489 p., 8,10€