Jour de neige à Paris
Il faut croire que nous sommes tellement accros au confort que nous ne supportons pas une bourrasque de neige, un non-événement pourtant au mois de février (voir cette image de L'Equipe/Roger-Violet en 1938).
Mais certainement, un jour funeste de plus pour les sinistrés qui ont les pieds dans l'eau et n'avaient vraiment pas besoin de ça.
L'accoutumance au progrès technologique nous fragilise. Nous nous prenons souvent pour des sur-hommes mais dès que la nature reprend ses droits, nous paniquons.
Hier après-midi, nous avons traversé Paris en métro. L'annonce de la fermeture des lignes du RER C en raison de la crue était angoissante. Et chez mon médecin, il n'y avait plus de liaison internet depuis presque 15 jours ...
Et surtout, nous avons la mémoire courte : alors que les anciens ne construisaient jamais dans des zones exposées aux crues, on a autorisé des tas de lotissements dans des zones inondables, au motif que ces terrains n'étaient pas chers. Personne n'a obligé non plus les propriétaires à bâtir sur pilotis ...
En région parisienne, nous nous refusons à prendre les dispositions indispensables à la sauvegarde des installations pourtant devenues vitales : les réseaux électriques et de données, les circuits de chauffage urbain, les infrastructures de transports.
On ne sait pas quand surviendra à Paris la crue dite "centennale", celle qui dépassera les capacités d'absorption des lacs de retenue en amont de la capitale, mais on sait qu'elle surviendra un jour. C'est écrit. On peut consulter la carte qui en a été dressée par les ingénieurs de la Ville de Paris, elle existe, elle est effrayante. Mais nul n'imagine de consacrer les investissements nécessaires pour éviter une telle catastrophe à l'échelle nationale , mais à l'échéance aléatoire : plusieurs semaines d'inondations majeures, l'évacuation de millions d'habitants, l'arrêt de milliers d'entreprises, les pertes de marchés, des installations détruites qui demanderont des mois avant d'être remises en état. Personne ne fait rien, le risque est trop abstrait et puis, si une formation politique décidait d'engager de telles dépenses, on le lui reprocherait immédiatement. Tant il est vrai que de grands investissements rencontrent aujourd'hui des oppositions irrémissibles.
J'arrête de broyer du noir pour admirer simplement les arbres du Boulevard Raspail poudrés de blanc. Nous avons aussi besoin d'un bon hiver, à la condition qu'il ne dure pas.