10 mars 2018
Mary Cassatt, une impressionniste américaine à Paris
Mary Cassatt (1844 – 1926) fut considérée de son vivant comme la plus grande artiste américaine.
Amie intime de Degas et de Berthe Morizot, a vécu près de soixante ans en France où elle est morte. Issue d’une riche famille de banquiers d’origine huguenote, elle a perfectionné son art dans notre pays et a participé à la 4ème, 5ème, 6ème et 8ème exposition des Impressionnistes. Elle reconnaissait comme maîtres Corot et surtout de Degas.
Cette exposition est la première grande rétrospective de son œuvre à Paris depuis celle du musée d’Orsay en 1988, sans compter la belle exposition de ses gravures achetées par Ambroise Vollard à la fondation Mona Bismarck en 2012.
Nul mieux qu’elle n’a su représenter les bébés potelés, dans les bras de leur maman, au bain, ou enfilant une chaussette ou simplement dans leur landau bleu, les petites filles aux chapeaux gigantesques. Ses peintures, surtout des portraits, ses pastels tracés avec vigueur, les chairs veloutées, les regards de ses modèles – souvent ses proches – sont ensorcelants de douceur.
J’ai adoré ces jeunes femmes saisies dans des postures tellement naturelles, le bébé posé sur l’épaule, dans un décor bourgeois simple, la lumière des vêtements blancs. Mary Cassatt – qui n’eut jamais d’enfant – s’en fait une spécialité. Son tableau de la « Petite fille sur un fauteuil bleu » (1878) fut refusé au salon mais retouché par Degas et exposé parmi les impressionnistes.
A partir de 1890, Mary Cassatt est influencée par la gravure japonaise (Utamaro et Tokoyuni). Elle maîtrise les techniques ardues de la pointe-sèche, de l’eau-forte et de l’aquatinte et réalise la synthèse entre la pureté du trait des estampes japonaises et la palette de couleurs impressionnistes.
Chacune des œuvres est à détailler : depuis les grands portraits comme « La tasse de thé » qui représente sa sœur Lydia dans une robe de soie froufroutante rose pale, la transparence de l’eau du « repas des canards » jusqu’à l’aquatinte représentant une femme devant sa table de toilette ou la petite gravure juste esquissée de deux jeunes filles regardant une carte. Un grand vent de fraîcheur dont on mesure difficilement aujourd’hui combien ce style nerveux et tendre pouvait avoir d’iconoclaste par rapport aux artistes conventionnels.
Mary Cassatt, une impressionniste américaine à Paris, exposition au musée Jacquemart-André jusqu’au 23 juillet, tous les jours à partir de 11h 45 - 13,50€
J'en loupe régulièrement mais celle-ci je VEUX la voir ! Merci pour ce compte rendu