La critique de Claude :

Trois officiers généraux, Philippe Leclerc, libérateur de Paris, Jean de Lattre, dont la Première armée a franchi le Rhin, et Alphonse Juin, commandant le Corps expéditionnaire français en Italie, ont été faits Maréchaux de France à la fin de la Seconde guerre mondiale.

Ils incarnent les différents courants de la Résistance militaire, et leurs dissensions, puis leur ralliement nécessaire à la Résistance structurée par le Général de Gaulle.

Pour l’Armée d’Afrique commandée par Juin, piégée de 1940 au débarquement américain en Afrique du Nord, contrainte par ses chefs de Vichy à une forme de collaboration, ce ralliement n’était pas une évidence.

Avec le courage et l’énergie prodigués en Tunisie dans les premiers combats menés au sein des armées alliées (en 1943), puis plus tard, sur le terrible front italien, enfin en Alsace, l’Armée d’Afrique a prouvé la réalité de son engagement, que l’on mesurera en voyant le très beau film « Indigènes » (2006, mis en scène de Rachid Bouchareb).

Je m’attendais à ce que cette biographie d'Alphonse Juin raconte cette aventure prodigieuse qui a consisté à libérer toute l’Afrique du Nord avec des moyens médiocres et à mobiliser pour une guerre sans merci les citoyens français et « indigènes » de ces territoires.

Malheureusement, ce ne semble pas être l’objet principal de l’ouvrage, qui consacre beaucoup de place à l’histoire des Protectorats, c’est à dire, notamment aux intrigues de Palais qui ont marqué le Maroc, la Tunisie et l’Algérie du début au milieu du XXème siècle.

Ce récit est loin d’être passionnant. Il intéressera cependant ceux qui étudient « l’art français » de la colonisation et de la décolonisation.

Juin, le maréchal africain, biographie de Guillaume Denglos, coédité avec le Ministère des Armées, Belin, 462 p., 26€