04 juin 2018
Sous la protection de l'Archange
Le Mont Saint Michel n’était pas vraiment le but de notre escapade en Cotentin décidée vendredi soir … Tout au plus avions nous l’intention de faire la route de la baie pour l’admirer de l’extérieur et sous différents angles. Et puis la journée de samedi était si radieuse, nous avions fait tant de kilomètres et le Mont était si proche … Nous n’avons pas résisté.
Il faut reconnaître que les nouveaux aménagements réalisés récemment mettent superbement en valeur cette Merveille architecturale. Les parkings – gigantesques, il est vivement recommandé de bien repérer l’endroit où on laisse son véhicule – sont désormais sur le continent, bien camouflés dans les herbes. Une navette gratuite conduit les visiteurs jusqu’au pied des remparts, par une longue passerelle à la courbe élégante.
A l’origine, le nom de cette île granitique est le Mont Tombe, au milieu d’une vallée mouvante où convergent le Couesnon, la Sée et la Sélune. C’est là que Saint Michel apparut trois fois à Aubert, évêque d’Avranches, qui y fonda en 708 un oratoire. Saint Michel vainc le Dragon, symbole du démon. Son culte, très répandu en Orient dès le IVème siècle, n’apparaît en Occident qu’à la toute fin du Vème siècle. De nombreuses chapelles lui sont dédiées autour de l’an Mil, le plus souvent érigées sur des points hauts. Saint Michel, qui conduit les morts et pèse des âmes au jour du jugement dernier, est souvent représenté avec une épée et une balance. Il est donc le patron des chevaliers et de tous les corps de métiers liés aux armes et aux balances.
Les moines bénédictins sont présents sur le mont dès le Xème siècle, le site étant à la fois un lieu de pèlerinage important et une place forte imprenable. Lors de la guerre de Cent Ans, les Anglais accordent des sauf-conduits aux pèlerins. Cependant, après la dissolution de la communauté religieuse, l’édifice fut transformé en prison entre 1811 pour les droits communs et quelques prisonniers politiques (Barbès, Blanqui, Raspail … ) jusqu’à ce que l’abbaye soit confiée au service des Monuments Historiques en 1874. Depuis 1963, l’abbaye accueille de nouveau une communauté religieuse.
C’est en tous cas une visite qui se mérite. Les hordes de touristes (c’est le 3ème site le plus visité de France) arrivent par vagues, parlant toutes les langues. Avec nous dans la navette, un groupe de vétérans allemands de la région du Eifel, une famille entière d’Indiens dont deux femmes en sari, des américains, des japonais … et encore, nous sommes loin de la haute saison !
Il faut se frayer un passage le long de l’étroite ruelle bordée d’échoppes de souvenirs : au départ de l’ascension, l’auberge de la Mère Poulard, qui propose l’incontournable omelette et des tas de gâteaux … En haut de la pente (50 m), on s’attaque à plus sérieux. J’ai compté (à la descente) environ 300 marches avant d’atteindre le parvis de l’église abbatiale.
La terrasse culmine à 80 m au-dessus du niveau de la mer. C’est sublime et harassant. Beauté et simplicité de l’architecture – à part la surprenante façade très classique en pierre blonde plaquée sur l’abbatiale – la nef romane relativement sombre, le chœur gothique flamboyant, les arcades, tribunes et fenêtres hautes, la sublime élégance du cloître, suspendu au-dessus de la Merveille, avec ses graciles colonnettes et les ciselures délicates de feuillages et de figures humaines … Tout à côté, la gigantesque salle de réfectoire, avec ses hautes colonnes et sa voûte lambrissée.
Bref, plus qu’un circuit ou une attraction touristique, la visite s’apparente, volens, nolens, à un pèlerinage, un retour aux sources de la foi de nos ancêtres, une foi capable de remuer des montagnes (en l’espèce, les blocs de granit provenant des îles Chausey) et de réussir, avec les moyens techniques de leur temps, une telle merveille mystique et architecturale.
Commentaires
Née à Rennes où j’ai vécu jusqu’à mes 25 ans, le Mont Saint Michel a été plusieurs fois un objectif de sortie du dimanche pour la journée, avec pique-nique. J’ai de beaux souvenirs...
C’était il y a cinquante ans, bien avant le réaménagement du site et des parkings. Il y avait déjà du monde les dimanches, mais certainement beaucoup moins et moins cosmopolite!
Ça donne envie d’aller voir cette passerelle d’accès et surtout l’absence de voitures dans la baie.
Bravo pour vos très belles photos.
Mes parents (bretons) disaient : le Couesnon dans sa folie a mis le Mont en Normandie !
Vous avez eu raison. J'aurais certainement fait de même surtout sous un ciel si bleu.
Bon début de semaine