05 juin 2018

Les toiles d'Hambye

Les voyages forment aussi la vieillesse !

En visitant les belles ruines de Hambye, nous avons découvert un trésor méconnu d'art pictural, très précisément délimité géographiquement à quelques communes du Cotentin, Hambye et Givray, et dont une belle collection est exposée dans une salle de l'abbaye.

Autour de 1820, François-Aimé Jourdan, artisan cirier, se lance en effet dans la production de toiles peintes, avec sa femme, son fils et ses trois filles. Arsène-Clovis, son fils, prendra la suite de manière quasiment industrielle. Des dizaines d'ateliers se développent dans la région.

Ces toiles décorées de motifs naïfs à la manière des indiennes su prisées au XVIIIème siècle sont destinées à garnir les montants et les ciels des lits-alcôves sur 2 ou 3 montants, avec une partie largement festonnée, sur un fond rouge (garance) ou noir.

A la base, il s'agit de toiles de sacs de blé, laquées à la peinture à la colle. Plus tard, on perfectionnera la technique sur un métier avec une trame de laine teinte et une chaîne en lin écru.

Le lit-alcôve permet en effet d'isoler le couchage de la salle commune et de gagner en intimité. Cependant, au début du XXème siècle, on le juge malsain car on considère que la couche et les vêtements de nuit doivent être aérés ...

Cette production sera alors définitivement abandonnée avec le développement du papier peint imprimé et collé à l'enduit de chaux grasse.

Une délicieuse découverte totalement inattendue, mise en valeur par l'opiniatreté d'un mécène : le docteur Auguste Beck, médecin à Givray, qui racheta en 1959 les ruines de l'abbaye d'Hambye et qui commença à les collectionner ...

Ce qui frappe, c'est la richesse du décor, très fourni, tracé à main levée. Un trésor d'art populaire méconnu, dont la renommée ne passe pas vraiment au-delà des frontières de cette région du sud-Contentin.