11 octobre 2018
La fabrique du luxe, les marchands merciers parisiens au 18ème siècle
« Marchands de tout et faiseurs de rien » selon Diderot, la puissante corporation des merciers occupe au XVIIIème siècle une place éminente, au cœur d’un réseau à trois pôles : le commanditaire, l’artisan/artiste, et le phénomène nouveau qui influence le « marché » : la mode.
Le délicieux musée Cognacq-Jay, qui abrite les collections d’objets d’art et de mobilier réunies par les fondateurs du concept de Grands magasins, met en valeur à travers les destins des dix plus importants marchands merciers du XVIIIème siècle les origines des industries du luxe, pivot de la renommée française.
La « mercerie » va bien au-delà de la notion de textile et traite de tous les éléments ajoutés aux pièces de drap, le décor, la vente de mobilier, les bijoux, les tapisseries, les tabatières, les objets de dévotion ou les accessoires de modes, et, bien entendu les tableaux.
L’exposition présente l’activité des marchands de peintures, bronzes, mobilier, horloges et objets décoratifs. Parmi les grands noms dont les boutiques se situent au cœur de Paris et tout près des lieux de pouvoir - sur les ponts (pont neuf, petit pont), aux alentours du Palais royal - on citera Simon-Philippe Poirier, Jean Dulac, Weisweiller, Daustel, Danet, Hébert et, bien entendu le marchand Gersaint, rendu célèbre par la toile de Watteau, "L’enseigne de Gersaint", peinte en huit matins, et qui montre l’activité de sa boutique avec en arrière-plan l'affichage à touche-touche des tableaux à la vente.
Une stratégie consciente de promotion engagée par la profession à coup d’identité visuelle, de publicité, étiquettes, cartes de visite, encarts publiés dans les gazettes, journaux et guides …
La visite de ce petit hôtel particulier de la Renaissance, en plein quartier du Marais, et déjà une expérience artistique passionnante : les œuvres d’art des collections permanentes sont sublimes, si caractéristiques du style français copié dans toute l’Europe.
La fabrique du luxe, les marchands merciers parisiens au XVIIIème siècle, exposition au musée Cognacq-Jay jusqu’au 27 janvier. Ouvert tous les jours à partir de 10h sauf le lundi, 8 rue Elzévir – Paris 3ème – 8€