28 décembre 2018
Falco, roman de Arturo Perez-Reverte
Au moment où le gouvernement espagnol s’apprête à exhumer la dépouille de Franco et à la transférer de la Valle de los Caidos dans un lieu privé, il est significatif de voir paraître des histoires de la guerre civile espagnole vues non plus exclusivement du côté romantique et héroïque des Républicains … C’est le sens, par exemple, du roman Le monarque des ombres de Javier Cercas. Quatre-vingts ans après, un début de réconciliation ?
Arturo Perez-Reverte, après la merveilleuse aventure de deux savants du XVIIIème siècle entre Madrid et Paris, nous propose un nouveau héros récurrent dont les exploits se situent en marge de ce conflit cruel, du côté des nationalistes.
Lorenzo Falco est un homme de main. Précis, organisé, froid, un vrai salopard … Il fut espion, trafiquant d’armes, agent secret, tueur à gages si besoin. Il est élégant, totalement maître de ses émotions, sauf avec les femmes qu’il ne peut s’empêcher de séduire. Sous les ordres de l’« Amiral », le patron du service national du renseignement et des opérations du Caudillo, il est chargé d’une nouvelle mission à la fois « trouble et merdique » et particulièrement périlleuse.
Ces deux personnages – Falco et l’Amiral - jouent une partie complexe. La mission confiée à Falco consiste à diriger un commando de jeunes miliciens en terre ennemie, afin de délivrer José-Antonio Primo de Rivera, le fondateur de la Phalange, de sa prison d’Alicante. Mais rien ne va se passer comme prévu … et ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Espagne en savent déjà la fin.
L’ambiance de la guerre civile, les luttes de factions et les exactions (des deux côtés) est particulièrement bien rendue, avec des scènes d’action enlevées et spectaculaires. On sent que Falco ne ressent aucune empathie pour la cause franquiste mais c’est un homme à choisir d’instinct le camp des vainqueurs. Il me fait penser par bien des côtés à Bernie Gunther, le héros de Philip Kerr … qu’il aurait pu rencontrer à l’hôtel Adlon.
Aura-t-il une postérité aussi longue ? Il y a déjà deux autres épisodes (Eva et sabotages) à traduire en français - je ne parle hélas pas l'espagnol - et j’ai hâte de le retrouver.
Falco, roman d’Arturo Perez-Reverte, traduit de l’espagnol par Gabriel Iaculli, 297 p. 19,50€.