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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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31 décembre 2018

Jacques Tardi et moi, des liens invisibles ...

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Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, Tome 3. 

au stalag IIB (2)

 

au stalag IIB aussi

 Je tente de me souvenir de ma première lecture des folles aventures d’Adèle Blanc-sec, dans les années 70.

C’est de là que vient ma passion pour l’œuvre graphique de Jacques Tardi. J’en ai lu et je conserve tous les épisodes, et puis ensuite les adaptations des polars de Léo Malet et de Jean-Patrick Manchette, Daniel Pennac. J’ai aussi beaucoup aimé « Le cri du peuple ». J’ai laissé de côté les albums sur la Grande Guerre, que je lirai plus tard.

Mais c’est avec sa trilogie « Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB » que j’ai découvert la foule de liens qui nous lient, Tardi et moi.

Car non seulement nous sommes nés à quelques semaines d’intervalle (lui en août et moi en octobre 1946), mais nos pères ont « fréquenté » le même camp de prisonniers en Poméranie. Mon père porte le numéro 11463.

Capturés tous les deux près d’un canal, essayant de s'évader en passant par Malmédy (mal leur en prit), ils ont vécu la même odyssée … celle que j’ai découverte en images dans le premier tome de cet ouvrage consacré par Tardi à son père.

Le troisième volet raconte le retour à la vie civile d’un prisonnier amer après cinq années de captivité : radicalement différent, taciturne, parfois violent, grossier … et qui ne retrouve pas sa place dans cette France où les règlements de comptes fleurissent. Il s’était engagé dans l’armée en 1937 sans réelle motivation guerrière. Mon père l’avait fait en 1938, mais sans doute y croyait-il davantage. Mais tous deux furent héroïques, ce qui ne fut pas donné à tout le monde.

Contraint de se réengager après son retour, René Tardi est renvoyé en Allemagne, dans la zone d’occupation française. Sa famille l’y rejoint quelques mois. Là aussi, les lieux évoqués me « parlent » … Fritzlar, Kassel et le colosse Hercule, l’Edersee et ses bombes bondissant par ricochet sur la surface de l’eau … j’ai visité tout ça dans les années soixante, quand j’étais en séjour linguistique à Marburg, dans la famille Ehlebrecht. Mon père avait souhaité que j’apprenne l’Allemand afin que « plus jamais on se foute sur la gueule ».

Et puis, cet univers enfantin – les publicités, les illustrés, les dessinateurs comme Pellos et son tour de France, la découverte de Tintin, tout me rappelle là aussi mon enfance.

Disons que j’ai eu plus de chance que Tardi. Mon père avait réussi à s’évader ; il a repris lui aussi du service auprès du gouvernement provisoire du Général de Gaulle à Alger, puis, dès 1944, à Paris, est devenu courrier diplomatique, a parcouru le monde entier avec la Valise du même nom. Mais le retour avait aussi été difficile, les retrouvailles avec ma grande sœur née en juin 1939 et qui ne le connaissait pas, toujours tendues. Un fossé jamais vraiment comblé.

Lui non plus n’avait jamais parlé de sa guerre, sauf sur le tard où il nous a légué, d’un coup, son témoignage que j’ai fidèlement recopié dans « Affaire terminée, j’arrive ». Moi aussi, il y a quelques années, j’ai emmené Claude faire le pèlerinage sur la côte nord de la Baltique, là où mon père fut retenu jusqu’au 13 février 1942 … Stettin, Stragard, Peenemünde, Inselrims …

Jacques Tardi évoque sa petite enfance pas très joyeuse, en grande partie passée chez ses grands-parents. Pas très studieuse, mais déjà pleine de crayons de couleurs. De ce côté, il a eu plus de chance que moi. Il en profite pour raconter l’après-guerre, histoire de faire comprendre aux jeunes générations les événements confus de cette période si lointaine aujourd’hui. Ce n’est pas la partie de l’ouvrage qui m’a le plus passionnée mais je dois dire que le récit en est parfaitement honnête.

Après la parution du premier volume de « Moi, René Tardi … », j’ai écrit à l’auteur qui m’a fait le grand plaisir de me répondre, de sa belle écriture élancée. Je garde ce document avec ferveur … un joli texte pour moi toute seule. Un délice pour ce dernier jour de l'année ...

 

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, - Après la guerre. Roman graphique édité chez Casterman, 160 p., 25€

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