L'eusses-tu cru ? Un peu d'histoire fiscale ...
Je ne vais pas vous parler de cette célébrissime marque de pâtes bien franchouillardes qui tire son nom d’un personnage populaire de forgeron de la Renaissance, qui prétendait remettre d’aplomb la tête des femmes aux mœurs légères. Mais de la révolte fiscale des paysans du Boulonnais que l’on appelle la révolte des Lustucrus. Comme quoi, les mêmes causes peuvent, à travers les siècles, produire les mêmes effets.
Nous sommes en 1662, au tout début de la prise de pouvoir personnelle du jeune roi Louis XIV. A la fin de la guerre de Trente ans, le pays boulonnais se voit imposé à une nouvelle taxe – destinée à financer le logement des militaires en campagne, le quartier d’hiver – alors que la paix est revenue. D’autant plus qu’Henri III, puis Henri IV ont rétabli le taillon, la gabelle (sur le sel, pétrole de l’époque) et que le pays frontière a bien souffert des guerres destinées à arrondir le pré carré …
Les Boulonnais refusent le nouvel impôt. Le 25 juin, ils sont d’abord 200, puis 600 à protester et à envahir les demeures des collecteurs d’impôt. Il y a des échauffourées contre les cavaliers envoyés par Colbert …Ils seront 3000 le 5 juillet. Ils se sont organisés autour d’anciens militaires ou de nobles déclassés, mais dans le plus grand désordre. Ils se dispersent par petits groupes, qualifiés selon un contemporain « de rebelles qui oscillaient sans but précis, à la façon de troupeaux sans pasteur ».
La répression sera implacable : près de 600 révoltés capturés après un siège, dont une grande partie – la plus robuste – envoyée aux galères, deux meneurs condamnés à mort … et ce sobriquet appliqué à la révolte bien plus tard, les tournant en dérision : Lustucru. Triste histoire.
Toute ressemblance …. Vous connaissez la suite.