12 janvier 2019
Paul Guillaume, galériste et collectionneur visionnaire
Cet automne fut largement consacré à l'art moderne.
Deux expositions majeures l'ont illustré : Picasso bleu et rose, le cubisme ... et j'ai beaucoup apprécié la lecture du livre-guide sur les lieux de légende de Montparnasse. Une raison de plus de revenir aux fondamentaux et de se pencher sur le destin météorique de Paul Guillaume (1891 - 1934), celui qui eut la préscience des transformations radicales que le XXème siècle allait apporter à la peinture. Le destin étincelant d'un collectionneur foudroyé en plein vol ... sans doute à cause de sa femme ...
La collection Jean Walter-Paul Guillaume est l'une des plus belles collections européennes de peintures. Elle rassemble 146 œuvres, des années 1860 aux années 1930. Elle fut initiée et principalement formée par Paul Guillaume, jeune marchand d'art visionnaire, puis continuée par sa veuve, remariée à Jean Walter, célèbre architecte et entrepreneur.
De 1914 à sa mort à 42 ans d’une crise d’appendicite mal soignée, Paul Guillaume rassembla une collection extraordinaire de plusieurs centaines de peintures, de l'impressionnisme à l'art moderne, alliée à des pièces d'art africain qu’il est est le premier à faire connaître et qui bouleverse le regard et l’art du XXème siècle.
Il partagera cet esprit pionnier avec le critique d'art Félix Fénéon.
Un hasard : jeune employé dans un garage, il expose dès 1911 quelques figurines gabonaises reçues dans les cargaisons du caoutchouc destiné à la fabrication de pneus. C’est alors qu’il rencontre Guillaume Apollinaire, passionné par cet art "primitif". Rédacteur en chef de la revue « Les soirées de Paris », Apollinaire le fait entrer dans son cercle d’artistes.
Paul Guillaume devient très rapidement l’un des acteurs les plus influents dans ce domaine. Devenu le courtier d’Apollinaire, il se constitue son propre fonds en poursuivant son activité avec ses premiers fournisseurs et en passant des annonces dans les publications destinées aux "coloniaux".
En 1912 se crée la Société d’art d’archéologie nègre dont il se présente comme le délégué puis, l’année suivante la Société des Mélanophiles. En 1914, par l’intermédiaire de Marius de Zayas, il envoie un lot de sculptures à Alfred Stieglitz à New York pour l’exposition "Statuary in Wood : the Roots of Modern Art".
En 1914, échappant à la conscription à cause de sa santé fragile, Paul Guillaume développe ses activités. Il frappe les esprits en exposant la peinture métaphysique de Chirico sur la scène du Vieux Colombier. Il devient le marchand attitré d’Amadeo Modigliani et de Chaïm Soutine dans sa galerie de la rue de Miromesnil, expose Derain, Picasso, Matisse, Van Dongen.
En 1920, il épouse la belle ambitieuse Juliette Lacaze (1878-1977) qu’il rebaptise Domenica. Albert Barnes, richissime pharmacien américain passionné par la peinture européenne impressionniste et post-impressionniste fait de Paul Guillaume son conseiller et fournisseur de 1922 à 1929.
Tout au long de sa carrière il s’efforce de conjuguer dans ses galeries et ses intérieurs la présentation de sculptures et peintures contemporaines et d’art africain en mettant en valeur l’aspect esthétique de ces objets qui étaient alors seulement considérés comme des objets ethnographiques.
Après 1929, Paul Guillaume déclare vouloir se séparer de sa collection. Néanmoins en 1935, après son décès, cinquante numéros lui ayant appartenu figurent à une grande exposition du Metropolitan Museum de New York.
Devenu riche et célèbre de l'Europe jusqu'aux États-Unis, il meurt en pleine gloire, en songeant à fonder un musée.
Sa veuve Domenica, remariée à l'architecte Jean Walter, et dont le destin ultérieur est étonnant, transforma et réduisit la collection, tout en faisant de nouvelles acquisitions dans un style plus conventionnel, en particulier de nombreuses oeuvres impressionnistes.
La collection, cédée à l’Etat comporte actuellement pour la période impressionniste 25 Renoir, 15 Cézanne, 1 Gauguin, Monet, Sisley, et pour la période moderne 12 Picasso, 10 Matisse, 5 Modigliani, 5 Marie Laurencin, 9 Douanier Rousseau, 29 Derain, 10 Utrillo, 22 Soutine et 1 Van Dongen.
Elle a depuis 1984 son écrin au musée de l’Orangerie, place de la Concorde, et mérite une visite dont on sort ébloui. Et rien n'empêche non plus d'aller admirer les salles consacrées aux Nymphéas de Claude Monet ...
Collection Walter-Guillaume, en permanence au musée de l'Orangerie, ouvert à partir de 9 h. sauf le mardi.
Bongiour.
Quelle joie!
Pour achever pouvez vous s'il vous plait mettre le nom aux tableaux?
Merci vous etes pour moi une vraie amie !