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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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5 février 2019

L'heure qu'il est, essai de David S. Landes

 

landes

 

Au début des années 2000, j’avais été enthousiasmée par l’ouvrage de David S. Landes (1924 – 2013) « Richesse et pauvreté des Nations » qui décrit les facteurs et les freins du développement économique et que je recommande à tous ceux qui s'intéressent à l'économie mondiale..

Cet ouvrage, bien plus spécialisé, a été publié en 1983 et réédité en version française en 2017, avec le sous-titre « Les horloges, la mesure du temps et la formation du monde moderne ». Et en fait ce pavé de plus de 600 pages, doté d’une iconographie aussi riche que complexe, est un hymne à l’inventivité, la persévérance, l’habileté et le sens commercial des Suisses, en particulier des hautes vallées du Jura francophones.

C’est donc une histoire sans fin des instruments permettant de mesurer le temps qui passe, celui qu’on gagne et celui qu’on perd, celui qui rythme l’activité humaine, la productivité, les voyages. Depuis les cadrans solaires et les horloges à eau ou clepsydres jusqu’aux horloges atomiques en passant par les horloges-tour des cathédrales, les chronomètres de marine, les régulateurs de bureau, les montres de gousset et les montres-bracelets à quartz …

Il faut donc en passer par des explications techniques qui n’intéressent que les spécialistes. Pourquoi les premières horloges à peu prés fiables ont été conçues par les Européens et non les Chinois alors en avance sur le plan technologique sur l’Europe au Moyen-Âge, la course à l’innovation entre les Anglais et les Français, la supériorité des horlogers genevois qui accueillirent les artisans huguenots les plus habiles chassés par la révocation de l’Edit de Nantes …

La partie la plus originale de l’ouvrage est celle qui aboutit, après deux siècles de tâtonnements, au calcul exact de la longitude, absolument indispensable aux voyages au long cours. On apprend aussi comment les britanniques se focalisèrent sur la précision tandis que les français se spécialisèrent sur la décoration la plus luxueuse, comment le suisse Pierre Frédéric Ingoll introduisit aux Etats-Unis la fabrication des montres à la machine en 1850, le rôle des chemins de fer – il faut un horaire très précis pour faire se croiser au bon moment deux trains circulant sur une voie unique avec un rendez-vous sur voie de garage – l’avancée technologique du remontoir à molette (inventé par le français Adrien Philippe en 1842, associé au baron polonais Patek).

La réussite mondiale de l’industrie horlogère suisse, sans équivalent dans les annales du commerce, est expliquée par le haut niveau culturel de la population paysanne des vallées jurassiennes, la tradition de la transmission du savoir, la renommée familiale … Mais vînt la révolution du cristal de quartz, dont la découverte remonte à Pierre Curie avec le phénomène de la piezo-électricité.  

Cependant, malgré le succès d’innovation de la Swatch, la Suisse est aujourd’hui cantonnée dans le très haut de gamme, où le prix n’entre pas en ligne de compte et où une montre « dit qui vous êtes ». Demeurant leader mondial du très grand luxe, elle a perdu l’avantage compétitif en termes de talent et d’expérience face au tsunami du quartz et des contrées à bas salaires.

Bref : un livre d’art et d’histoire de la technologie à offrir à un homme qui n’a pas encore pu s’acheter sa Rolex avant ses 30 ans …

 

L’heure qu’il est, Les horloges, la mesure du temps et la formation du monde moderne, essai par David S. Landes, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat et Louis Evrard pour les éditions « Les Belles Lettres », 630 p., 29,50€

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