09 février 2019
Une intime conviction, film de Antoine Raimbault
L’intime conviction est un principe introduit dans notre droit au 12ème siècle, qui permet de juger d’une affaire criminelle, même sans preuve matérielle.
L’article 302 du code de procédure pénale rappelle cependant que “l’accusé est présumé innocent, et que le doute doit lui profiter”. C’est tout le sens de ce premier long métrage du réalisateur Antoine Raimbault avec cette fidèle mise en scène du procès en appel de Jacques Viguier, un an après son premier acquittement devant les assises de Toulouse.
Rappelons les grandes lignes de l’affaire : Suzanne Viguier, professeur de danse en instance de divorce, disparaît dans la journée du 27 février 2000 de son domicile. On ne la reverra plus jamais, on n’aura jamais plus de ses nouvelles. Son mari, professeur de droit à l’université, puis dans la foulée celui qui se déclare son amant, portent plainte pour enlèvement et séquestration.
L’enquête policière va vite se concentrer sur le mari, d’autant plus que l’amant remue ciel et terre pour alimenter la Presse locale, les témoins éventuels, allant jusqu’à forcer à mentir une jeune baby-sitter … Cependant, personne ne retranscrit les 250 heures d’écoutes téléphoniques … L'enquête est bâclée. Devant cette énigme sans crime avéré, sans corps, sans preuves ni aveux, Jacques Viguier, soutenu par ses enfants et sa belle-mère, est acquitté lors de son premier procès. Mais le Parquet fait appel …
Dans ce scénario digne des meilleurs films judiciaires américains, Nora, personnage fictif, joue un rôle essentiel d’assistante bénévole du grand avocat Eric Dupond-Moretti (magnifique Olivier Gourmet, comme un clône de son modèle) qui reprend la défense de l’accusé. Jusqu’à l’obsession, pour prouver l’innocence de Jacques Viguier, elle retranscrit toutes les conversations téléphoniques, va interroger les témoins, suggère des hypothèses, risque son job et jusqu’à sa vie pour faire éclater sa vérité … Pour Marina Foïs, c’est sans doute le plus beau rôle de sa carrière. Et il y avait longtemps que je n’avais pas vu un film de cette qualité et pourtant long de presque deux heures !
Et pendant ce temps, Eric Dupond-Moretti, le vrai – monte sur les planches au théâtre de la Madeleine jusqu’à la fin du mois … La justice, les prétoires, la magie du verbe au service de la vérité … ou plutôt du respect absolu d'un principe fondamental : le doute doit toujours bénéficier à l’accusé.