Coeurs ennemis, film de James Kent (Aftermath)
On aurait pu titrer ce film "La détresse de l'occupant " ...
Ce drame est comme une poupée russe : tout comme la guerre a dévasté Hambourg, les personnages qui s'y meuvent en cet hiver 1945-46 sont eux aussi détruits par la perte d'un enfant ou d'une épouse. Et puis le thème des relations ambiguës entre occupants et occupés a aussi été traité par Vercors dans "Le Silence de la mer".
Il faut souligner la justesse du cadre historique, la souffrance des survivants, la haine des vaincus, la culpabilité des vainqueurs ... Lewis Morgan (Jason Clarke) est colonel dans l'armée britannique, dans les troupes d'occupation, chargé du maintien de l'ordre et de la supervision des procédures de dénazification. Il fait venir auprès de lui son épouse, Rachel (Keira Knightley) dans une belle maison intacte des environs de Hambourg, réquisitionnée auprès d'une famille allemande cossue qui se réfugie au grenier.
Le propriétaire (Alexander Skarsgard) était architecte, il a perdu sa femme, Rachel et Lewis ne se consolent pas de la disparition de leur fils de 11 ans, chacun a subi les bombardements de l'autre camp. Lewis est toujours sur la brèche, Rachel s'ennuie, Stefan est beau comme un héros viking ...
C'est un film lent, sensible, qui met parfaitement en valeur ses interprètes - en particulier la fille de Stefan (Flora Thiermann) - avec des décors réalistes, des lumières tamisées, une super collection de pulls tricotés main ...
Une histoire d'amour et d'espoir, très morale en définitive ... Un mélo qui rappelle aussi que la paix est une notion qu'on a trop tendence à oublier, 72 ans après la fin de la seconde guerre mondiale : une raison de plus d'aller voter le 26 mai !